Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/112

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révélé de la doctrine chrétienne l’avait été en effet. D’ailleurs les premiers siècles abondent en renseignements de toute sorte. Il y en a de trois espèces, les livres, les rites primitifs de l’église conservés ou abolis, et enfin les monuments figurés comme il s’en trouve un si grand nombre dans les catacombes de Rome. Les doctrines, surtout quand elles sont mystérieuses, sont quelquefois exprimées avec plus de netteté dans les cérémonies du culte que dans les livres ; ceux-ci d’ailleurs peuvent n’offrir que la pensée personnelle de l’auteur ou la tradition comme il l’a comprise : il n’en est pas de même des prières, des formules de foi et des autres parties du rituel qui, devant se reproduire constamment dans le lieu saint, peuvent être justement considérées comme exprimant la pensée commune. Quant aux monuments figurés, ils sont le plus souvent symboliques et faits pour parler aux yeux ; ils sont comme autant de comparaisons ou de souvenirs pleinement intelligibles pour les seuls initiés, et ne livrant au vulgaire que la partie la plus superficielle de ce qu’ils veulent exprimer ; rapprochés des livres et des formules, ils répandent une lumière inattendue ; se répétant de siècle en siècle, ils peuvent, quelquefois, nous conduire aux vraies origines de tout un ordre d’idées ou de faits.

A partir de Jésus-Christ, on voit les monuments écrits apparaître les uns après les autres. dans leur ordre naturel, à mesure que les événements extérieurs et le progrès interne de la chrétienté leur permettent de se produire. Leur étude conduit à des conclusions que nous résumons de cette manière : le dogme chrétien, dans ce qu’il a d’essentiel, ne s’est pas formé peu à peu ; il est sorti tout fait de l’enseignement de Jésus ; mais la mort, qui avait déjà frappé son précurseur et qui l’avait frappé lui-même, menaçant toujours ses