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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/175

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dans le Nirukta de Yâska que les plus anciens auteurs védiques n’admettaient que trois dieux, Savitri, Agni et Vâyu, et que toutes les autres divinités éiaient des formes variées et des noms divers donnés a quelqu’un des trois, d’après la diversité des phénomènes naturels et des fonctions divines.

Le nom de Savitri signifie producteur ou Père ; sa place est dans le ciel, ce qui le fait désigner fréquemment dans le Vêda sous le nom de Père céleste. Matériellement, c’est le Soleil ; mais dans tout le recueil le soleil n’est considéré que comme le char ou la roue de Savitri.

Agni est le feu : le mythe du feu occupe une place importante dans presque toutes les religions ; M. Kuhn en a exposé, dans un savant ouvrage, les principales transformations en Occident[1]. L’Agni des hymnes est le feu dans toutes les acceptions directes ou figurées du mot français ; sa place est sur la terre, au foyer domestique, sur l’autel ; il est la vie et la pensée en chacun des êtres qui vivent et qui pensent. Sa naissance est mystique, car d’une certaine manière, il a un père terrestre qui porte le nom de Twastri, c’est-à-dire le Charpentier ; d’une autre manière, venu du ciel par une voie mystérieuse, il est conçu dans le sein maternel par l’acte de Vâyu qui est l’Esprit. Vâyu dans le sens matériel est le vent, c’est-à-dire l’air en mouvement, sans lequel il est impossible que le feu brûle ou s’allume ; dans le sens métaphysique, il est l’esprit de vie et l’auteur de l’immortalité pour les vivants. Telle est la première forme sous laquelle apparaît dans l’histoire le dogme de la Trinité : le Soleil, le Feu et le Vent.

On dira : la Trinité est donc une conception matérielle ? — Le Vêda nous permet de répondre non, sans hésiter : partout, dans les hymnes, à côté de ces trois

  1. Herabkunft der Feuers, par Kuhn.