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premier. C’est là qu’Agni règne dans toute sa splendeur : il est le roi des cieux, la tête de l’éther ; sa grandeur dépasse le ciel et les mondes ; la terre et le ciel lui obéissent ; il reçoit l’hommage de tous les êtres divins. Des lieux élevés où il est placé, il voit toutes choses, il connaît tout, les profondeurs du ciel, les races des dieux et des hommes et tous leurs secrets, car tous les êtres sont contenus en lui. Plus bas, Agni brille au sein des nuages, dans la foudre et les tonnerres ; porté sur un char d’où les éclairs étincellent, il est irrésistible, il met en fuite ou foudroie ses ennemis ; il porte alors le nom d’Indra, qui signifie roi ; il répand la pluie fécondante et avec elle la vie.

Mais c’est principalement dans l’enceinte sacrée que se développent le rôle et la théorie d’Agni ; nous allons en retracer les principaux traits.

Le feu sacré a pour père Twastri, et pour mère la divine Mâyâ.

Twastri est le charpentier divin qui prépare le bûcher et les deux pièces de bois nommées aranî, dont le frottement doit engendrer l’enfant divin.

Mâyâ est la personnification de la puissance productrice, sous sa forme féminine ; chaque être divin a sa mâyâ.

La naissance d’Agni est signalée au prêtre astronome par l’apparition d’une étoile, nommée en sanscrit savanagraha ; dès qu’il l’a vue, le prêtre annonce au peuple la bonne nouvelle ; bientôt le soleil commence à blanchir l’horizon au-dessus des collines ; le peuple des campagnes est accouru pour adorer le nouveau-né. A peine la faible étincelle a-t-elle jailli du sein maternel, c’est-à-dire de celui des deux bois, qui est appelé la mère et en qui surtout réside la divine mâyâ, qu’elle prend le nom d’enfant ; on trouve dans le Vêda des hymnes d’une poésie ravissante sur cette frêle et divine