Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/178

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créature qui vient d’apparaître. Les parents déposent le petit enfant sur de la paille ; à côté de lui est la vache mystique, c’est-à-dire le lait et le beurre, et chez d’autres Aryens l’âne qui a porté sur son dos le fruit dont le jus a donné la liqueur sacrée ; devant lui est un saint ministre représentant de Vâyu ; il tient à la main le petit éventail oriental en forme de drapeau, et il l’agite pour activer cette vie qui menace de s’éteindre. De là le petit enfant est porté sur l’autel : il y acquiert une force merveilleuse, qui dépasse la compréhension de ses adorateurs ; tout s’illumine autour de lui ; sa lumière insaisissable détruit les ténèbres et révèle le monde ; les anges (dêvas) et les hommes se réjouissent et, se prosternant, chantent un hymne en son honneur. A sa gauche le soleil levant, à sa droite la pleine Lune sont à l’horizon et semblent pâlir et lui rendre hommage.

Comment s’est produite cette transfiguration d’Agni ? Au moment où un prêtre posait le jeune dieu sur l’autel, un autre a versé sur sa tête la liqueur sacrée, le spiritueux soma, et bientôt lui a donné l’onction en répandant sur lui le beurre du saint sacrifice. Quand sa main a répandu sur Agni le beurre clarifié, il porte le nom d’Oint (akta). Ces matières inflammables l’ont fait grandir : sa flamme s’élance environnée de gloire ; il resplendit au sein d’un nuage de fumée qui monte en colonne vers le ciel, et sa lumière va s’unir à celle des luminaires d’en haut. Le « dieu aux belles clartés dévoile aux hommes ce qui était caché : » du milieu de l’enceinte où il trône, il enseigne les docteurs, il est le gourou des gourous (le maître des maîtres), et prend alors le nom de Jâtavédas, c’est-à-dire celui en qui la science est innée.

Ici se développe dans le Vêda toute une mystique sans laquelle les religions des temps postérieurs sont