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rentes. Cela est bien arrivé dans une certaine mesure, puisque nous voyons encore aujourd’hui, après des milliers d’années d’existence, des races humaines restées dans le fétichisme, d’autres chez qui la croyance aux esprits a fait quelques progrès ; l’Indoustan est en grande partie mythologiste ; presque tous les peuples sémites ont le dieu métaphysique issu de leur symbolisme ancien ; les peuples âryens adorent un dieu père du monde et générateur des êtres.

Ce partage des peuples et des doctrines n’a lui-même rien d’absolu. Les guerres, les conquêtes, le commerce, les mariages et des alliances de toute sorte ont fait que les races humaines se sont pénétrées les unes les autres et qu’il n’existe peut-être plus aujourd’hui un coin de terre où une race pure et primitive puisse être retrouvée. Le mélange a commencé de bonne heure. Ainsi, nous avons vu différents peuples établis ensemble dans la vallée du Nil dès les premières dynasties égyptiennes. Il y avait là des Libyens, des populations sémites et d’autres, ayant au dessus d’eux les Routou de race probablement âryenne ; toutefois le fond de la langue égyptienne est sémitique. Dans la double vallée du Tigre et de l’Euphrate les Soumirs, peut-être âryens, ont précédé les Sémites de Babylone et de Ninive et leur ont transmis un fond de civilisation avec un panthéon de divinités mythiques. Les Perses étaient de purs âryas ; mais les Mèdes étaient une race mêlée. Dans l’Inde, les brâhmanes ont cru maintenir la pureté de leur race par le système de castes le plus exclusif ; mais ils n’y sont point parvenus. En Occident, les races se sont d’abord poussées en avant ; puis elles se sont fondues et n’offrent plus aujourd’hui que des types mêlés, dont les éléments sont le plus souvent impossibles à reconnaître.

Les conséquences religieuses de ces événements se