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changeant et dé divers dans cette dernière trouva sa raison d’être dans la pensée universelle et absolue.

Le dieu qui n’avait été d’abord qu’un être brillant (dêva) fut donc ensuite un principe de vie (asura), et en troisième lieu la pensée, prise dans ce qu’elle a de plus élevé, c’est-à-dire dans son expression religieuse (brahma). Il devint possible aux penseurs d’autrefois de chercher comment ce dieu unique et suprême pouvait, en se diversifiant dans son action, devenir père, fils et esprit, — soleil, feu et vent.

La religion fut donc une conception métaphysique, une théorie, une explication synthétique de l’univers visible et invisible. Une religion n’est achevée que par l’établissement du culte. Une fois que Dieu est conçu comme un être intelligent dont la raison engendre les lois du monde et dont l’action produit la vie et le mouvement, l’homme sent son existence enchaînée à cette puissance infinie analogue à lui-même, quoique de beaucoup supérieure. Cet acte de sentiment, cette reconnaissance du lien qui l’unit à Dieu est le premier élément du culte. Le second est l’œuvre ostensible par laquelle cet acte de foi se manifeste au dehors. Cet œuvre, c’est le sacrifice.

Le culte a d’abord été personnel, domestique, célébré en famille par le père entouré de sa femme, de ses enfants et de ses serviteurs. Puis il est devenu public : les familles se sont réunies autour d’un autel commun ; le nombre des prêtres officiants s’est accru, les églises se sont formées : et, les ressources de leurs membres étant réunies, il a été possible de donner au culte un développement, un éclat, un luxe dont les religions domestiques n’étaient point susceptibles. Les hymnes indiens vont jusqu’à nommer comme d’antiques initiateurs ceux qui ont fait passer le culte de l’état de domestique à la publicité, ils les appellent Ribhous et ce nom ré-