Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/232

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religion de beaucoup de Chinois était une importation étrangère, et que est la forme monosyllabique chinoise du nom de Bouddha. Les voyages en Chine, la traduction d’anciens voyageurs chinois, notamment celle de Hiouen-Thsang, ont jeté les plus vives lumières sur l’origine et l’histoire du culte de Fô. Il a été possible de le comparer avec le bouddhisme primitif, tel qu’il se montre dans les Sûtras du Népâl. On a vu combien l’élément chinois a transformé la doctrine du maître. Tandis que beaucoup de lettrés sont des philosophes sceptiques et matérialistes, les sectateurs de Fô, ne comprenant rien à la haute métaphysique de Çâkya-Mouni, l’ont remplacée par des cultes idolâtriques, dont le plus répandu est celui d’une femme idéale, Mâyâ, la mère du Bouddha.

L’amoindrissement de la théorie primordiale, base des religions, n’a pas été moins grand au Tibet que chez les autres peuples de la race jaune. Le bouddhisme tibétain est bien différent de celui des Indiens du temps du roi Açôka où de Tchandragupta, l’allié de Séleucus Nicator. Il en est de même chez tous les peuples de races étrangères qui ont adopté les institutions bouddhiques ; mais c’est un fait acquis à la science que chez eux ce n’est pas seulement la portion pratique de cette religion qui a subi une déchéance, c’est aussi la théorie métaphysique, partout remplacée par l’anthropomorphisme, la croyance aux esprits et les autres superstitions.

Quand nous cherchons à démêler la cause qui a produit cette chute de l’une des plus grandes religions, nous ne la trouvons ni dans cette religion même, ni dans les institutions particulières de chacun des peuples jaunes ou noirs ; elle est dans la différence des races. La Chine renferme des moralistes et des philosophes pratiques, mais pas un seul métaphysicien ; beaucoup