Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/35

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nétrable que la métaphysique sur laquelle il était fondé. Un naturalisme local en paraît avoir été la base, mais à quelle hauteur ce naturalisme s’était-il élevé ? à quelle théologie avait-il donné lieu ? quelle portée générale avaient ces doctrines ? C’est ce que le laconisme des textes ne permettra peut-être jamais de savoir.

Ajoutez que l’écriture hiéroglyphique, assez claire quand elle énonce les faits matériels, l’est beaucoup moins quand elle veut exprimer des idées abstraites. Si elle a paru suffire à des hommes qui en faisaient une étude continuelle et un usage journalier, elle n’est plus aussi intelligible pour nous, qui n’avons, pour en découvrir le sens, que les monuments où elle fut employée. Enfin, quand les hiéroglyphes nous éclaireraient assez sur les dogmes et les cultes de l’ancienne Égypte, on ne pourrait croire, même alors, que l’on en possédât les commencements : l’usage d’une écriture sacrée, quoique ancienne, ne remonte pas aux origines des races qui ont peuplé primitivement la vallée du Nil. Si les races y sont venues du dehors, elles ont dû y apporter avec elles leurs idées et leurs institutions antérieures. De toute manière, elles ont nécessairement eu une période primitive et totalement inconnue, qui a pu durer pendant des siècles nombreux.

Les Sémites n’ont rien d’antérieur aux plus anciens passages de la Genèse. Les faits qui ont suivi Moïse ont généralement un caractère de réalité qui permet de les classer, sinon parmi les faits historiques, au moins parmi les légendes héroïques dont le fond appartient à l’histoire. Les faits antérieurs racontés par les livres dits mosaïques ne peuvent pas rentrer dans le domaine de la science sous la forme ou ils se présentent ; ils ont besoin d’interprétation.

Ceux des hymnes du Rig-Véda, dont l’antiquité peut