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dans ce qu’ils en rapportent. On peut penser que, quand ces antiques souvenirs furent recueillis et vinrent former la Genèse, ils n’étaient plus qu’un écho très-affaibli de faits et peut-être de doctrines d’une antiquité beaucoup plus haute.

Certains disciples de l’école philologique voient dans les premiers récits de la Genèse une reproduction incomplète des mythes aryens, si amplement développés dans le Rig-Véda, et identifient par exemple le serpent tentateur avec le serpent (Ahi) ennemi d’Indra et personnification du nuage ; mais c’est un point à examiner : il n’est pas dit que tous les serpents mythiques de l’antiquité procédent d’Ahi ; les Sémites ont pu, comme les Aryas, constituer ou recevoir des mythes et des légendes où cet animal ait pris place.

De plus, il faut historiquement prouver que ces deux races d’hommes ont eu des relations positives avant l’époque des rois d’Israël et se sont emprunté l’une à l’autre des conceptions aussi fondamentales. Le récit du serpent tentateur est lié à la légende de l’Eden, et celle-ci à la doctrine sémitique du Dieu créateur. Dire le contraire, c’est soulever contre soi les Juifs, les chrétiens et même les mahométans, dont les croyances religieuses procèdent de ces récits. Avant d’établir de telles assimilations, il faut que la science ait résolu séparément les problèmes que font naître les temps primitifs des Sémites et ceux des Aryas ; et supposé même que cette partie de la science fût terminée, il est évident que le rôle de l’histoire s’arrête au point où les faits cessent d’avoir un caractère naturel, et qu’au delà on est forcé d’avoir recours à d’autres moyens d’investigation.

Le Rig-Véda est le livré sacré des peuples de l’Inde et le fondement de leurs religions. Ce recueil d’hymnes composés dans la vieille langue sanscrite est peut-être le plus authentique des textes sacrés, quoique les au-