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teurs de ces chants soient le plus souvent fictifs ou inconnus. Toutes les données scientifiques prouvent que l’époque où remontent ses plus anciennes parties n’est pas de beaucoup postérieure à Moïse, et que plusieurs hymnes lui sont probablement antérieurs. Ce point du reste, n’a pas une importance majeure, puisque l’histoire de l’Inde procède par périodes et non par années, au moins pour les temps qui ont précédé le bouddhisme.

Quand on compare l’âge des hymnes védiques à celui des chants homériques les plus anciens, c’est-à-dire de certaines portions de l’Iliade et de quelques fragments épiques publiés sous le nom d’Homère ou d’Hésiode, on voit que les peuples de race âryenne n’ont aucun monument qui égale le Véda par son antiquité. Car il n’est pas possible de citer celle du livre de Zoroastre, pris dans son ensemble, livre dont l’époque semble répondre tout au plus aux premiers temps du brâhmanisme indien. Quelques parties de l’Avesta semblent plus anciennes que le reste du livre, sans toutefois dépasser ou même égaler en antiquité les plus anciens hymnes indiens.

Or, le Rig-Véda est presque entièrement un livre religieux ; la notion qu’on se faisait alors de Dieu et les rites qui en découlaient y sont entourés de toute la lumière qui manque à la plupart des autres textes sacrés. Eh bien, non seulement le Rig-Véda ne nous fait pas assister à la naissance de cette notion et de ces rites, mais il signale lui-même des périodes religieuses antérieures dont il est impossible de fixer la durée. L’état des esprits auquel répondent les Hymnes n’est pas un état primordial : le polythéisme y a des proportions si considérables que, pour arriver à cette mythologie, il a fallu des siècles nombreux à une race occupée surtout de guerres et de conquêtes.