Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/39

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Cette conséquence se trouve confirmée par la comparaison des divinités védiques avec celles des autres peuples âryens, chez lesquels en effet on les retrouve conçues de la même manière et portant quelquefois les mêmes noms. La présence de ces éléments communs prouve qu’un certain nombre de dogmes existait dans la race âryenne avant que ces branches se fussent séparées du tronc primitif, et lorsqu’elle ne formait encore qu’une seule société d’hommes habitant les vallées de l’Oxus. Les anciens rites sacrés, l’autel, le feu, la victime, l’invocation aux dieux, se trouvaient également chez les divers peuples âryens avant qu’ils eussent subi une influence extérieure. Tous ces faits prouvent moins l’antiquité du Véda que l’existence d’une doctrine et d’un culte antérieurement à la dispersion des Aryens.

Quoi qu’il en soit, on est forcé d’arrêter au Véda l’histoire positive des religions âryennes. Si la science veut remonter plus haut, il lui faut d’autres moyens d’investigation que ceux dont les historiens disposent. Mais comme il n’est rien sur terre, au moins jusqu’à ce jour, comme il n’est aucun monument sacré plus ancien que la Bible et que le Véda, si l’on en excepte les premières inscriptions de l’Égypte, et peut-être quelques textes cunéiformes, là sont les limites où s’arrête l’histoire, appliquée à l’étude des religions. Au delà s’étend un horizon dont les bornes échappent à la science et que l’imagination elle-même ne peut embrasser. On voit bien que les périodes signalées par la Genèse et par le Véda sous des formes mythiques ou symboliques occupent un passé déjà lointain pour les auteurs de ces livres, et cependant, quand on pourrait déterminer par une voie scientifique quelconque les principaux faits religieux qui s’y sont accomplis, on ne devrait pas, même alors, se croire parvenu aux origines