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la conquête. Le type royal représenté par les hiéroglyphes n’a rien de sémitique, comme on peut s’en convaincre en le comparant à celui des sculptures assyriennes. Le profil est droit et souvent d’une exquise finesse, tel qu’on le rencontre dans les parties les plus pures de la race âryenne. L’anthropologie confirme cette observation. On a tout lieu de penser que les Routou ont été des conquérants aryens, venus d’Asie dans des temps fort reculés et qui ont apporté en Égypte plusieurs éléments de religion et de civilisation.

C’est ce que la plupart des savants admettent aujourd’hui. Si cette induction est vraie, il faudra en conclure que la race aryenne était parvenue à un certain degré de développement religieux quand les Routou fondèrent l’ancien Empire égyptien. Ainsi s’expliquerait l’identité des noms de Ménès, Manou et Minos, personnage qui se trouve à l’origine des traditions de l’Égypte, de l’Inde et de la Grèce. Cette conséquence est elle-même d’accord avec une autre tradition souvent rappelée dans le Véda, d’apres laquelle les auteurs des hymnes reportent la création de leurs dieux et de leurs rites à des ancêtres très-reculés.

Il est toutefois certain que la race conquérante était peu nombreuse, qu’elle n’apportait pas une religion toute faite, mais seulement une ébauche qui dut s’accommoder avec les cultes locaux. C’est à ce travail d’unification que furent employés les efforts des princes et des théologiens pendant vingt siècles et plus. Sa longue durée ne doit pas nous étonner, quand nous voyons la lenteur des progrès accomplis dans la doctrine chrétienne depuis dix-huit cents ans.

En Égypte chaque dynastie mettait en lumière le dieu du pays d’où elle venait et le faisait prévaloir. Ce dieu, avec ceux de son cycle, entrait alors dans la religion commune, soit pour y partager le rôle de ceux