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phénomènes naturels, dans les phases de la Lune, les saisons, les crues du Nil, la végétation ; et l’on voyait que tous les êtres vivants étaient sujets à la naissance et la mort. On en conclut, par une induction hardie, l’immortalité des âmes, leur voyage à travers un monde obscur et invisible et leur future résurrection. Ce n’était pas une doctrine panthéiste, c’est-à-dire une métempsychose ; car l’âme du mort ne passait pas dans un corps différent de celui qu’elle avait quitté.

C’est pourquoi les Égyptiens eurent un soin extrême des tombeaux et en vinrent de très-bonne heure à conserver les cadavres eux-mêmes. Ils les soumirent à l’opération chimique de l’embaumement et les enfermèrent dans des boîtes artistement travaillées, Ils ne furent point exclusifs : appliquant aux animaux le même raisonnement qu’aux hommes, ils remplirent peu à peu d’immenses cavernes d’animaux embaumés, surtout de ceux auxquels la religion attribuait un caractère symbolique.

Cette manière de conclure et d’envisager l’immortalité de l’âme était un abus de la méthode d’induction et une aberration d’esprit. Elle reposait sur l’ignorance où l’on était de la sphéricité de la terre et du mouvement apparent du Soleil autour d’elle. Elle était due à deux causes principales, la médiocrité intellectuelle des Égyptiens et leur vie sédentaire sur une terre étroite et fertile.

Une fois engage dans cette voie, le sacerdoce égyptien donna plus d’importance et de développement a cette partie de la religion qu’à tout le reste ; les peuples vécurent dans une continuelle méditation de cet autre monde créé par leur imagination. Ce monde portait le nom d’Amenti, c’est-à-dire d’invisible ou caché (amen). Le mort y était amené par Horus ou, plus tard, par Ma, déesse de la vérité. Il était pesé dans une balance par