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Anubis, guide des morts, par Thot, dieu de la Lune ou par Horus et conduit devant Osiris, qu’assistaient quarante-deux juges. Condamné, on lui coupait la tête ; on le jetait aux flammes éternelles ; il était anéanti ; c’était la seconde mort, objet de terreur pour les populations. Absous, il franchissait encore quinze épreuves, et il arrivait enfin dans les champs des bienheureux ou on lui servait des mets exquis. Il reprenait ses travaux, vivait dans la lumière d’Osiris, devenait lui-même un osiris, traversait l’océan céleste dans la barque de Râ ou devenait une étoile.

Ainsi la religion égyptienne, après avoir commencé par une observation juste, mais bornée, des phénomènes naturels, aboutit à un dogme entièrement fictif, et ce dogme devint à son tour la constante préoccupation des fidèles. Les divinités introduites successivement par les dynasties royales ne changèrent pas le fond des croyances populaires. Chaque divinité eut à côté d’elle un symbole qui la représentait dans sa nature ou dans son action principale, ou simplement dans l’écriture. Râ et Horus eurent pour symbole l’épervier, Toum le scarabée (Kheper), Thot l’ibis et le cynocéphale, Isis la vache, Anubis le chacal, Seb l’oie, Harmachou le Sphinx et ainsi des autres.

Peu à peu le peuple, qui s’attache toujours aux figures plutôt qu’aux idées, mit le symbole à la place du dieu. Or, de sa nature, le symbole est fixe et ne représente pas les phénomènes dans leur mobilité ; le mythe au contraire est une sorte de drame ou les acteurs sont les forces vivantes de la nature. La religion égyptienne devint promptement un système de symboles dépourvus de mouvement, au contraire de la religion des Grecs toute formée de mythologie. Le mythe, avec ses récits variés et circonstanciés, quitta la partie de la religion relative aux phénomènes du monde visible, qui s’accom-