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qu’elle s’est faite de la divinité et dans le culte qu’elle lui a rendu. L’idée a été incomplète, étroite et abstraite. Dans l’origine la religion égyptienne contenait une portion de mythologie que l’esprit local élimina promptement. Les dieux cessèrent d’être des forces vivantes et ne furent plus que la représentation sous une figure humaine, bestiale ou mixte des phénomènes ordinaires observés dans la vallée du Nil. Si les Routou ont apporté en Égypte un élément âryen, il a disparu dès les premières dynasties, absorbé par les religions populaires. Les prêtres n’ont pas saisi la relation qui existe d’une part entre le Soleil, le feu et le vent, de l’autre entre la chaleur, la vie et la pensée, c’est-à-dire entre les trois éléments essentiels de l’univers. Ils n’ont guère aperçu que les phénomènes célestes. Quand ils ont voulu établir l’unité de Dieu, ils ont fait de lui un être abstrait, compris dans une trinité factice. Ce Dieu n’a été qu’un moyen terme entre Râ et Osiris ; car dans Amoun-râ, qui est son nom, Râ continue d’être le Soleil, Amoun signifie l’invisible et répond au rôle d’Osiris.

Aussi la partie imaginaire du dogme, celle qui concerne l’autre monde, a-t-elle subsisté intacte jusqu’à la fin. Comme elle avait frappé les esprits et qu’elle n’était pas en contradiction formelle avec les doctrines âriennes et sémitiques relatives à l’enfer et au paradis, elle fut en partie acceptée par le christianisme qui l’enseigne encore aujourd’hui.

Quant au culte, il reçut en Égypte un grand déploiement de cérémonies. Nulle part on n’a construit plus de temples, ni plus solides ou plus richement décorés. Leur disposition a passé presque sans changement chez les Sémites et se retrouve en partie dans les églises chrétiennes. Des la quatrième dynastie, un édifice sacré comprenait : 1o des propylées ; 2o une avenue de