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sphinx ; 3o une entrée monumentale entre deux pylônes ; 4o une ou plusieurs cours entourées de portiques et contenant des obélisques, des statues, etc. ; 5o au fond, le sanctuaire. Dans celui-ci reposait le coffre saint ou arche portative, voilée par un rideau et gardée par deux génies ailés qui rappelèrent les kéroubîm des Sémites. Cette boîte était vide et censée contenir invisible le dieu auquel le temple était consacré ; chez les Juifs on y mit le Livre de la Loi ; chez les chrétiens, le tabernacle contient le ciboire avec l’hostie qui est le corps même du Dieu incarné. Tout d’ensemble de l’édifice était couvert de peintures et d’inscriptions. On y trouve souvent représentées des tables garnies d’offrandes, de fruits, de fleurs, de pains, de portions d’animaux ou d’animaux entiers, ainsi que des cérémonies avec leurs costumes, leur appareil et leurs instruments.

La religion envahit tout par ses fêtes solaires et lunaires, royales, agricoles, funèbres. Les tombeaux, les boîtes à momies, les maisons privées, les objets usuels s’ornèrent des figures des dieux. Chacune d’elles y eut sa place déterminée ; son rôle invariable. Ce fut un symbolisme universel appliqué à la vie de l’homme sur la terre et à son existence imaginaire dans un autre monde. Tout homme fut appelé, suivant sa conduite ici-bas, à partager après sa mort la vie des dieux et à devenir un osiris.

À mesure que le sacerdoce, rudimentaire sous l’ancien Empire, acquit plus d’autorité, la destinée du prêtre ressembla de plus en plus à celle des dieux et l’éleva au dessus du reste des hommes. Mais les prêtres ne formèrent jamais une caste fermée, un clergé héréditaire. La science sacrée, aussi bien que l’écriture, ne fut point un mystère ; chacun fut admis à les acquérir selon sa capacité. Toutefois l’autorité sacerdotale alla croissant de siècle en siècle et les prêtres commencè-