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III. Phéniciens. — El, le Fort, est le nom du dieu chez tous les Sémites anciens et modernes. Dans la Phénicie, non plus que dans le pays des fleuves, El ne fut le nom propre d’aucune divinité ; elohim est un pluriel qui signifie les dieux.

Il en était de même de Baal, nom commun qui signifie seigneur, et de baalit, baaltis, qui est une déesse en général. On peut en dire autant de Mélek (Melk, molek), roi, et de Adôn (Adonis, Adonaï), seigneur, appliqués par les Phéniciens même à des dieux étrangers.

La Phénicie n’a jamais été monothéiste. Elle n’a pas même eu un dieu qui ait occupé la premier rang, comme Asour à Ninive et à Babylone et Amoun-râ en Égypte. Ses cultes étaient locaux et dispersés. À Çidôn (Sidon) et à Çôr (Tyr), c’était un baal appelé Hammân (Amon ou Mon) dieu solaire de la chaleur, mourant et ressuscitant comme les époques de l’année ; sous le nom de Melqart il était le dieu de la cité. — À Carthage, l’Asthoret à tête de vache était la Lune, reine du ciel, épouse du baal Hammân. — À Gebal (Byblos) le dieu principal était l’adôn (Adonis) nommé Abobas ou Gingras pendant sa vie, Tammouz après sa mort. Les fêtes de la mort et de la résurrection d’Adonis se célébraient au printemps et à l’automne en Syrie, en Chypre, dans le pays de Canaan, partout où il y avait des Phéniciens. Le sommeil et le réveil de la vie dans la nature en formaient le fond. Plus tard on y vit un symbole de l’immortalité. — À Paphos, Aphrodite était la divinité principale, représentée par une pierre conique et par une colombe. Le culte de cette vierge-mère était licencieux. — À Ascalon la grande déesse Atergatis (Dercèto) avait pour époux le dieu-poisson Oannès, qui était le Dagan des Babyloniens et l’Ea (Héa) des Soumirs. — À ces divinités il faut ajouter Çédeq le juste et ses sept fils, qui étaient le Soleil et les sept planètes ;