Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que séparé du monde. Les figures divines n’étaient alors que des forces physiques amplifiées et divinisées ; plus tard elles ont servi de vêtement à des conceptions métaphysiques, mais en se transformant peu à peu et quelquefois en changeant de nom. C’est après bien des siècles que l’esprit des Aryas s’est enfin élevé à la conception de l’unité absolue.

Comme ils avaient pris pour point de départ les choses réelles qui tombent sous les sens et les faits non moins réels que la conscience nous dévoile, ils n’ont jamais perdu de vue ces bases solides de leur édifice religieux. La pensée, la vie, la succession indéfinie des formes, qui passent de l’une à l’autre sans intervalle ; comme les eaux d’un fleuve qui coulent sans s’interrompre, voila ce qui les a sans cesse préoccupés, ce qui les a conduits par la voie la plus directe au panthéisme. L’idée d’un dieu suprême individuel séparé du monde n’est nulle part dans les doctrines âryennes, ni à la fin, ni au milieu, ni surtout dans leurs origines védiques.

La seconde halte de l’esprit âryen en Asie est marquée par deux grandes religions antagonistes, celle des Perses et celle des Brâhmanes. La première a longtemps vécu de ses propres principes et sans subir, dans son contact avec des peuples non aryens, aucune altération importante : c’est dans les livres attribués à Zoroastre que sa forme originale doit être aujourd’hui cherchée. Le Boundehesh et le Livre des Rois (Schah-nameh) de Firdouci, qui datent de temps postérieurs, offrent déjà beaucoup de légendes et même de croyances dont l’origine n’est certainement pas âryenne, et qui viennent de l’Assyrie et de la Chaldée, soit même de pays plus méridionaux. Avant que le texte de l’Avesta eût été traduit et commenté par des savants de nos jours, le caractère panthéistique de la religion des Perses n’avait pour ainsi