Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/19

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et les devoirs des diverses classes de la société, de l’enseignement des philosophes, et des traditions de la caste guerrière, il n’ait pas existé de très-bonne heure des recueils contenant l’histoire des Dieux et des héros, ainsi que celle des anciens sages et des hommes qui avaient saintement vécu, et mérité les récompenses assurées à la pratique des devoirs qu’avaient recommandés les fondateurs de la société indienne. Dans l’état où nous les possédons aujourd’hui, les Purâṇas nous offrent, entre autres sujets, le développement d’un certain nombre de légendes mythologiques auxquelles, ainsi que l’a fait remarquer Colebrooke, les Vêdas font déjà de fréquentes allusions[1]. Ils sont donc, au moins pour cette partie, contemporains, quant au fond, des fragments védiques qu’ils reproduisent ; et, sous ce rapport, je crois que M. Vans Kennedy a eu raison d’insister avec force sur la conséquence qui résulte de cet accord des Purâṇas avec les Vêdas, en faveur de l’authenticité et de l’antiquité d’une bonne partie des matériaux qui entrent dans la composition des Purâṇas actuels[2].

Cette assertion qui ne repose encore que sur le petit nombre de points de comparaison qu’il a été jusqu’à présent possible d’établir entre les Purâṇas et les Vêdas, peut cependant s’autoriser du témoignage de la tradition indienne, et de celui des commentateurs les plus estimés, qui nous montrent le titre de Purâṇa dans des textes d’une antiquité incontestable. Un auteur fort célèbre, Sâyaṇa Âtchârya, qui était, vers 1334, ministre et direc-

  1. Il suffit de citer le nom de Vrĭtrahan (le meurtrier de Vrĭtra) donné à Indra ; l’allusion aux trois pas de Vichṇu, développée dans le mythe du Vâmana Avatâra ; le nom de Varâha, qui rappelle le Varâha Avatâra, etc. (Colebrooke, Miscell. Essays, t. I, p. 28 et la note ; p. 31, note ; p. 75, 138 et 151.) Ces noms, et notamment celui de Vrĭtrahan, qu’on rencontre à chaque instant dans les hymnes des Védas, font supposer que les légendes qui les expliquent étaient vulgaires à l’époque déjà ancienne de la rédaction de ces hymnes.
  2. Researches into the nature of ancient and Hindoo Mythology, pag. 189, 364 et 365.