Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/440

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9. Mais Bhagavat, le sanglier du sacrifice, repoussa du pied gauche, comme en se jouant, la massue qui, lancée par son adversaire, arrivait contre lui avec la rapidité du vent.

10. Et il lui cria : Reprends ton arme, redouble d’efforts, puisque tu veux vaincre. Ainsi excité, le Dâitya recommença de frapper le Dieu de sa massue, en criant violemment.

11. Voyant l’arme qui tombait sur lui, Bhagavat, sans reculer, la prit en se jouant quand elle arriva, comme Garuda prend Pannagî.

12. À la vue de sa vigueur déçue, le grand Asura sentant son orgueil rabaissé et sa gloire détruite, ne voulut plus de la massue que lui présentait Hari.

13. Semblable à celui qui veut lancer une imprécation contre un Brâhmane, il saisit son javelot armé de trois pointes, resplendissant, insatiable comme le feu, pour le diriger contre Yadjña qui avait pris une forme visible.

14. Cette arme lancée avec vigueur par le grand héros des Dâityas, et brillant au milieu du ciel d’une splendeur immense, le Dieu la coupa du tranchant aigu de son Tchakra, comme Hari [Indra] coupa la plume qui s’était détachée du corps de Târkchya.

15. Quand il vit son javelot brisé en mille pièces par le Tchakra de Hari, l’Asura s’avançant avec une colère toujours croissante, et poussant un cri, frappa de son poing vigoureux la poitrine large et puissante du Dieu, et disparut aussitôt.

16. Frappé ainsi, ô guerrier, Bhagavat, le sanglier primitif, ne fut pas même légèrement ébranlé, semblable à un éléphant que l’on frapperait d’une guirlande de fleurs.

17. Alors l’Asura développa de mille manières sa puissance magique, en présence de Hari qui dispose en maître de la mystérieuse Mâyâ, et les créatures effrayées à cette vue crurent que le moment de la destruction de l’univers était arrivé.

18. Il souffla des vents impétueux qui répandaient l’obscurité en soulevant la poussière ; des pierres tombèrent des divers points de l’horizon, comme si elles eussent été lancées par des frondes.

19. Le ciel était couvert de nuages amoncelés qui avaient éteint