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CHAPITRE XIV.

NAISSANCE DE NICHÂDA.


1. Mâitrêya dit : Bhrǐgu et les autres solitaires, toujours attentifs au bien du monde, voyant que les hommes sans roi ressemblaient à des troupeaux privés de leur gardien,

2. Appelèrent Sunîthâ, la mère du fils [d’Ag̃ga], et les sages qui expliquent le Vêda sacrèrent roi de la terre Vêna, qui n’était pas aimé de ses serviteurs.

3. En apprenant que Vêna, dont la domination était tyrannique, venait de monter sur le siège des rois, les brigands disparurent aussitôt, semblables à des rats effrayés par un serpent.

4. Quand il se fut assis sur le siège des rois, orgueilleux de la possession des huit attributs de la puissance ; et plein de lui-même, il méprisa, dans sa folie, les Brâhmanes doués de grandes vertus.

5. Ainsi aveuglé par l’orgueil, emporté comme un éléphant qui ne connaît plus l’aiguillon, parcourant le monde sur son char, et faisant trembler dans sa marche le ciel et la terre,

6. Il fit proclamer partout, au bruit du tambour, l’ordre de ne plus accomplir aucun devoir religieux : Brâhmanes, ordonna-t-il, il ne faut plus sacrifier, il ne faut plus faire d’aumônes, il ne faut plus jeter l’offrande dans le feu.

7. À la vue des entreprises du coupable Vêna, les solitaires, remarquant la désolation du monde, se réunirent en se disant les uns aux autres avec compassion :

8. Hélas ! Dans quelle profonde misère est tombé le monde ! Menacé comme il l’est, des deux côtés à la fois, par son maître et par les brigands, [il ressemble à l’insecte placé] sur un morceau de bois brûlant des deux bouts.