Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 2.djvu/101

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40. Passionné pour la chasse, il parcourait les forêts, l’arc bandé, tuant, dans sa cruauté, les malheureux animaux ; à sa vue, le peuple s’écriait en pleurant : Voici Vêna !

41. Cet enfant cruel, enlevant par violence les enfants de son âge dans les lieux où ils jouaient, les faisait mourir sans pitié de la mort des animaux.

42. Quand le roi, qui voyait son fils si méchant, eut reconnu que les divers moyens qu’il employait ne pouvaient le corriger, il fut affligé d’une profonde tristesse.

43. Les maîtres de maison qui n’ont pas d’enfants sollicitent le Dieu [qui en donne], et n’en reçoivent bien souvent que le chagrin insupportable d’avoir de mauvais fils.

44. De là, pour l’homme, une mauvaise renommée et une grande violation de la justice ; de là l’inimitié de tous ; de là des chagrins infinis.

45. Quel est l’homme sage qui ferait cas d’enfants pareils, d’enfants qui n’en ont que le nom, qui rendent l’âme esclave des liens de l’erreur, et qui font d’une maison un lieu de supplice ?

46. Au reste, je crois que de mauvais fils valent mieux que des enfants vertueux qui sont pour nous un sujet d’inquiétudes ; l’homme se dégoûte de sa maison quand il y trouve le chagrin.

47. Ainsi dégoûté d’une maison sur laquelle s’étaient levées les destinées les plus prospères, le roi, qui ne connaissait plus le sommeil, quitta son lit au milieu de la nuit, et s’éloigna sans être remarqué par ses gardes, laissant la mère de Vêna endormie.

48. Dès qu’on s’aperçut que le roi était parti pour quitter le monde, ses sujets, son prêtre domestique, ses conseillers et la foule de ses amis, tourmentés par une vive douleur, le cherchèrent partout sur la terre, [sans plus pouvoir le trouver] que les mauvais Yôgins qui cherchent Purucha caché pour eux.

49. Incapables de découvrir la route qu’avait prise le chef des peuples, ils revinrent, après de vains efforts, dans la ville, et ayant salué les Rǐchis rassemblés, ils leur racontèrent en pleurant, ô fils de Kuru, la disparition de leur maître.