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LIVRE QUATRIÈME.

59. Oui, il connaît bientôt ta voie, le solitaire dont l’intelligence éclairée par le spectacle de leur dévotion, échappe à l’agitation que causent les objets extérieurs, et n’entre pas, parce qu’elle est pure, dans l’abîme des Ténèbres.

60. Il connaît cette essence qui est le suprême Brahma, qui est la lumière, qui est, comme l’éther, étendue partout, au sein de laquelle apparaît le monde, et qui brille au sein de tous les êtres.

61. Ô toi qui, toujours inaltérable, crées, conserves et détruis cet univers, à l’aide de Mâyâ, cette énergie aux nombreuses formes, qui, impuissante quand elle repose en ton sein, fait croire qu’elle est distincte de toi, et donne au monde une apparente réalité ; ô Bhagavat, nous savons que tu es naturellement indépendant.

62. Les Yôgins doués de foi, font bien, pour leur salut, d’honorer par les cérémonies prescrites ta forme que caractérisent les éléments, les sens et la personnalité ; car ils sont ainsi habiles et dans le Vêda et dans le Tantra.

63. Tu es l’Être unique, le primitif Purucha en qui sommeille cette puissance par l’action de laquelle se distinguent l’une de l’autre les qualités de la Passion, de la Bonté et des Ténèbres, et d’où sortent les principes de l’Intelligence et de la personnalité, le ciel, le vent, le feu, l’eau, la terre, les Dieux, les Rĭchis, la foule des êtres et l’univers tout entier.

64. L’Être suprême, en effet, entre avec une portion de lui-même et sous quatre formes différentes, dans la ville [du corps] qu’il a créée par sa puissance ; aussi appelle-t-on Purucha, cet être qui, enfermé dans le corps, y perçoit les objets par le moyen des sens, comme l’abeille [dans sa ruche] jouit du miel qu’elle fabrique.

65. C’est encore toi, toi dont l’essence ne peut qu’être conçue ; qui, dans ta course impétueuse, entraînes les mondes avec une irrésistible puissance, renversant les êtres les uns par les autres, comme le vent qui dissipe les nuages amoncelés.

66. Pendant que l’homme dont la cupidité insatiable se passionne pour les objets, est distrait par la pensée de ses desseins, toi qui veilles pour tout détruire, tu te précipites tout à coup sur lui, comme