Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 2.djvu/44

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trouvent les instruments de la cérémonie, faits d’argile, de bois, d’airain, d’or, d’herbe Darbha et de peaux.

7. Quand elle fut entrée, aucun des assistants n’osa, dans la crainte de blesser celui qui célébrait le sacrifice, accueillir avec respect la Déesse dédaignée de son père, à l’exception cependant de sa mère et de ses sœurs, qui, la voix entrecoupée de sanglots, la serraient dans leurs bras avec empressement et amour.

8. Mais Satî, repoussée par son père, n’accepta ni le siège élevé, ni les marques de respect que s’empressaient de lui donner sa mère et ses tantes, ni l’accueil que lui faisaient ses sœurs, en abordant une sœur née de la même mère qu’elles.

9. À la vue de ce sacrifice, auquel Rudra ne prenait point part, et du manque de respect que Dakcha son père témoignait au divin Vibhu (Çiva), la Déesse souveraine, méprisée, donna cours, au milieu de l’assemblée, à son indignation, comme si elle eût voulu consumer les mondes par sa colère.

10. Arrêtant, par sa puissance, la troupe des Bhûtas qui se levaient [pour la venger], Dêvî, la voix étouffée par la fureur, blâma ainsi, en présence de l’univers qui l’entendait, l’ennemi de Çiva son père, dont la pratique des sacrifices avait exalté l’orgueil.

11. Dêvî dit : Quel autre que toi pourrait être l’adversaire de celui qui n’a pas de supérieur dans le monde, qui ne peut avoir ni ami ni ennemi, de celui dont le cœur a de l’affection pour les hommes, de l’âme de cet univers, qui a renoncé à te résister ?

12. Il y a des gens de bien qui, comme toi, ô Brâhmane ! Ne voient que les fautes parmi les qualités d’autrui ; d’autres qui ne les voient pas ; d’autres, enfin, et ce sont les plus grands, qui sont soigneux de grossir les plus faibles mérites. Toi, tu trouverais encore des fautes dans ces sages.

13. Il n’est pas étonnant qu’ils dépriment toujours avec envie les êtres les plus élevés, ces hommes méchants qui voient l’âme dans ce cadavre du corps ; la poussière qui s’élève des pieds des grands hommes les prive de leur éclat : il n’y a rien là que de juste.

14. Ainsi, malheureux Brâhmane, tu hais ce Çiva dont la re-