Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 2.djvu/79

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l’ombre des pieds de celui dont Sananda et ses chastes frères n’ont connu la demeure qu’après de nombreuses existences passées dans la méditation, je le quitte en songeant encore à des distinctions.

31. Hélas ! Voyez la folie d’un malheureux comme moi, qui, après avoir adoré les pieds du Dieu qui anéantit l’existence, demande encore un bien qui doit finir.

32. Mon esprit a été troublé par les Dieux, qui ne sont descendus qu’à regret [pour moi sur la terre], puisque je n’ai pu, dans mon ignorance, comprendre les paroles si vraies de Nârada.

33. Enveloppé par la divine Mâyâ, je vois des distinctions, comme un homme qui rêve ; et, en présence d’un autre être qui n’a cependant pas d’existence réelle, je souffre de douleur en pensant que cet être qui est mon frère «est pour moi un ennemi.

34. Ce que j’ai désiré m’est aussi inutile qu’un médicament à l’homme qui a perdu la vie ; après m’être attiré par mes pénitences la (faveur du Dieu, âme de l’univers, dont la bienveillance est si difficile à obtenir, j’ai, dans mon malheur, demandé l’existence à celui qui peut en exempter.

35. Oui, j’ai eu assez peu de vertu pour solliciter la satisfaction de mon fol orgueil du Dieu qui peut m’associer à sa grandeur ; j’ai fait comme le pauvre qui demande à un roi quelques grains de riz.

36. Mâitrêya dit : C’est que les hommes qui sont comme toi, ami, passionnés pour la poussière du lotus des pieds de Mukunda, se trouvent satisfaits de ce que le hasard leur présente, et ne désirent pas d’autre avantage que celui d’être ses esclaves.

37. Quand le roi eut appris que son fils était de retour, il n’y crut pas plus que si on lui eût dit que l’enfant revenait d’entre les morts. D’où me vient, [se dit-il,] dans mon infortune. Un tel bonheur ?

38. Mais, se rappelant avec confiance les paroles du Rǐchi des Dêvas, il fut transporté de plaisir, et il donna, dans l’excès de sa joie, un collier de grand prix à celui qui lui avait apporté cette nouvelle.

39. Monté sur un char traîné par de bons chevaux, et entouré de cercles d’or, escorté par les Brâhmanes, les vieillards de chaque famille, ses ministres et ses parents,