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CHAPITRE PREMIER.

Sumâgadhâ avadâna[1]. Quant à Kachphila, ce mot doit désigner un autre Religieux, sur lequel je n’ai encore trouvé aucun détail.

Il me semble que l’on peut rapprocher le nom de Gavâm̃paṭi de la transcription chinoise Kiao fan pa thi, citée dans le Foe koue ki[2]. Le manuscrit de Londres est le seul qui lise Pilandavatsa ; la leçon Pilinda est celle des trois autres manuscrits et de la version tibétaine. Je remarquerai encore qu’il faudrait écrire en deux mots Pûrṇa Mâitrâyaṇîputra, ce que j’ai écrit en un seul, lorsque j’ignorais encore qu’il y avait plusieurs Pûrṇas souvent cités dans les livres buddhiques, et que l’on distinguait les uns des autres, soit par le nom de leur père ou de leur mère, soit par quelque autre épithète. Ainsi la seule légende de Pûrṇa en cite déjà deux[3], et le préambule du Lalita vistara en rapporte aussi deux, l’un desquels est le Pûrṇa, fils de Mâitrâyanî, de notre Lotus[4].

f. 2 a. Le respectable maître Ânanda.] Quand j’ai traduit par maître le mot çâikcha, j’ai suivi l’autorité de la version tibétaine qui remplace le mot sanscrit par slob-pa, terme auquel nos dictionnaires tibétains donnent le sens de maître, instituteur. Mais depuis que j’ai trouvé dans le Vocabulaire de Hêmatchandra le terme de çâikcha, qui s’y présente avec le sens de disciple, il me paraît nécessaire de traduire : « le respectable disciple Ânanda. » En effet, quoique Hêmatchandra soit un Djâina, il n’est pas supposable que le terme de çâikcha, inséré par lui dans son vocabulaire sanscrit, y ait un sens diamétralement opposé à celui qu’a dû avoir ce terme pour les Buddhistes. Il faut introduire le même changement dans la ligne suivante, et au lieu de « dont les uns étaient maîtres et les autres ne l’étaient pas, » dire, « dont les uns étaient disciples et les autres ne l’étaient plus. » Je ferai remarquer que pour obtenir ce sens dans la dernière phrase citée, je lis çâikchâçâikchâiḥ, composé dont la seconde partie est açâikchâiḥ. Cette leçon n’est pas celle du manuscrit de Londres ni des deux manuscrits de M. Hodgson, qui lisent çâikchaçâikchâiḥ. Mais outre que cette variante ne donnerait d’autre sens que celui de disciples de disciples qui ne paraît pas convenir ici, la voyelle â long qui est nécessaire pour ma lecture se trouve dans le manuscrit de la Société asiatique, et est justifiée de plus par la version tibétaine qui a une négation devant le second mot représentant açâikcha, de cette manière, slob-pa dang mi slob-pa. La traduction que je propose est, on le voit, contraire à celle qu’on peut tirer de la version tibétaine. Mais ne serait-il pas possible que le substantif slob-pa, qui n’est autre que le verbe slob-pa ayant les deux sens d’enseigner et d’apprendre, signifiât disciple, comme slob-ma qui a ce dernier sens ? Je soumets cette remarque aux personnes qui connaissent le tibétain mieux que moi. Il faudrait voir si la différence des significations indiquées dans nos lexiques pour slob-pa et slob-ma, ne vient pas du suffixe, actif dans un cas, et passif dans l’autre ? De toute manière, et quoi qu’il en soit de cette conjecture, traduisant sur le sanscrit, j’ai dû donner au mot çâikcha le sens que lui attribuent les autorités indiennes, et que j’ai déjà rapporté ailleurs[5]. On

  1. Sumâgadhâ avad. f. 14 a et b.
  2. Foe koue ki, p. 168.
  3. Introd. à l’hist. du Buddh. ind. t. I, p. 260, n. 1.
  4. Rgya tch’er rolpa, t. II, p. 3.
  5. Introd. à l’hist. du Buddh. ind. t. I, p. 322, note, Abhidhâna tchintâmaṇi, p. 13, éd. Bœhtlingk et Rieu.