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CHAPITRE PREMIER.

et blanche, peut-être une ammonite. Deshauterayes, dans ses Recherches sur la religion de Fo, a exposé, toujours d’après les Chinois, une énumération des sept choses précieuses, dont les principaux termes répondent à celle du Saddharma puṇḍarîka ; ces sept choses sont l’or, l’argent, le verre de Chine, le verre d’Europe, les perles, la nacre et l’agate[1]. Si l’on rapproche cette liste de la nôtre, dans la supposition que les Chinois ou même Deshauterayes n’auraient déplacé aucun des termes de l’énumération primitive que je suppose indienne, on trouvera que le verre de Chine répond au vâidurya, c’est-à-dire au lapis-lazuli ; que le verre d’Europe est le sphaṭika, qu’on nous représente unanimement comme le cristal de roche ; que les perles sont le lôhitamuktâ, avec la correction indiquée tout à l’heure. L’accord des deux listes qui se suivent régulièrement jusqu’ici, semblerait donner quelque valeur à l’interprétation que propose Deshauterayes pour les deux dernières substances, dont la signification peut être en partie contestée : ainsi açmagarbha deviendrait la nacre, et musâragalva l’agate. Quelque autorité que je sois porté à reconnaître au travail fort remarquable pour son temps de Deshauterayes, je ne crois pas devoir substituer ces deux interprétations à celles que m’a fournies la discussion de la liste de l’Abhidhâna pâli. J’ajouterai pour terminer que les peuples Tamouls de la presqu’île indienne connaissent aussi une énumération de pierres précieuses, qui sont au nombre de neuf, et dont M. Taylor donne ainsi la synonymie : l’œil de chat, le saphir, le corail, la topaze, l’émeraude, le rubis, la perle, le cristal et le diamant[2] ; je n’ai pu y trouver de quoi éclaircir celle qui vient de nous occuper. On sait, du reste, que le terme de ratna s’applique à d’autres objets que des pierres ou produits du règne minéral, et qu’il signifie en général tout objet précieux, par suite d’un emploi analogue à celui que nous faisons des mots joyau et perle. Il existe même chez les Buddhistes de fréquentes mentions d’une autre énumération de sept Ratnas ou objets précieux, qui n’a rien à faire avec celle que je viens d’examiner. Je veux parler des sept objets précieux qui sont comme les attributs de la grandeur d’un roi souverain. On les connaissait déjà par des auteurs buddhiques non indiens : mais je les trouve positivement indiqués dans un livre du Nord, et énumérés de la manière suivante : la roue (ou le tchakra), l’éléphant, le cheval, le joyau, la femme, le maître de maison, le général[3]. On les voit encore dans le Lalita vistara, énumérés avec quelques développements qui font connaître de quelle utilité ils sont pour le monarque souverain qui les possède[4] ; j’aurai occasion d’y revenir en examinant les signes caracté­ristiques d’un grand homme. Appendice, no VIII.

f. 9 b. St. 46. Les Maruts.] Voyez ci-dessus, stance 29.

St. 48. Je vois.] Au lieu de paçyati que donne le manuscrit de la Société asiatique, et d’où je tirais d’une manière un peu forcée le sens qu’exprime ma traduction, les deux manuscrits de M. Hodgson lisent, avec une forme populaire, paçyichu, de sorte qu’il faut traduire ainsi la stance tout entière : « Moi, ainsi que les nombreux Kôṭis d’êtres vivants

  1. Journ. asiat. t. VIII, p. 313.
  2. Orient. hist. manuscr. l. 1, p. 97, note.
  3. Divya avadâna, fol. 29 a.
  4. Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 14.