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NOTES.

du départ de Siddhârtha, quittant son palais pour aller se faire Religieux ; le titre de ce chapitre, qui est le quinzième, est abhinichkramaṇa parivarta[1]. Ce mot, qui revient dans le Lotus autant de fois qu’il est question de personnages sortants du monde pour entrer en religion, n’est pas moins fréquent dans les textes pâlis de Ceylan. Il me suffira d’en donner un exemple emprunté à un commentaire de Buddhaghôsa, où il dit de Çâkyamuni Buddha : katamahâbhinikkhamatô, « depuis qu’il eut accompli le grand départ[2]. » Ainsi le terme abhinichkramaṇa ne peut signifier « l’entrée dans le monde, » car la préposition abhi ne doit pas prévaloir contre le sens parfaitement connu de nichkramaṇa ; et le pâli abhinikkhama n’a rien à faire non plus avec le terme nêkkhamma, qui répond au sanscrit nâichkarmya, « l’inaction, la quiétude. »

Ils parvinrent tous à l’état suprême, etc.] Il faut lire, « ils partirent tous pour l’état suprême, etc. » comme je l’ai montré plus haut, dans une note sur le fol. 8 b, st. 31.

f. 12 b. Après s’être couché.] Ceci est un faux sens ; il faut traduire par « s’étant assis les jambes croisées, » cette expression du texte, paryag̃kam âbhudjya, dont j’ignorais le sens spécial quand j’ai traduit le Saddharma puṇḍarîka. Le mot paryag̃ka exprime la position d’un homme qui ramène ses jambes sous son corps en les croisant, et s’assied ainsi en tenant droit le haut du corps. Ce sens se trouve en partie dans le composé sanscrit donné par Wilson, paryag̃ka banḍhana, « binding a cloth round the knees, thigs and back, as seated on the hams ; » mais paryag̃ka seul ne signifie, d’après Wilson, que lit, et c’est de cette signification que je m’étais autorisé pour traduire paryag̃ka âbhudjya par « s’étant couché. » On écrit souvent paryag̃ka avec un l, palyag̃ka, d’où est venue la forme prâkrite et pâlie pallag̃ka, qui signifie à la fois lit[3], et litière ou palanquin, comme l’a déjà fait remarquer Lassen[4]. L’expression que nous trouvons dans les textes du Nord se présente naturellement aussi dans ceux du Sud, et, en pâli, pallag̃kê âbhuñdjitvâ signifie « s’étant assis les jambes ramenées sous le corps[5]. »

f. 13 b. Soixante moyens Kalpas.] Le mot que je rends par moyen est antara ; il pourrait également se traduire par intérieur ou intermédiaire. Le terme sanscrit antara désigne aussi bien un objet placé entre deux points donnés qu’un objet renfermé dans l’intérieur d’un contenant plus vaste. Voyez sur les Kalpas et leurs divisions, ci-dessus, f. 10 b.

Çramaṇas.] J’ai expliqué ailleurs ce titre, qui dans les livres du Nord, comme dans ceux du Sud, est spécialement appliqué à l’usage des Buddhistes, et désigne les ascètes sectateurs du Buddha[6]. Je remarque seulement ici que, dans ces livres, le titre de Çramaṇa précède ordinairement celui de Brâhmaṇa.

  1. Rgya tch’er rolpa, t. II, p. 191 et suiv.
  2. Spiegel, Anecdota pâlica, p. 64 et 65.
  3. Abhidh. ppadîpikâ, l. II, ch. iii, st. 26 ; Clough, p. 35.
  4. Institut. ling. pracrit. p. 260.
  5. Nêmi djât. f. 7 b, p. 40 de ma copie.
  6. Introd. à l’hist. du Buddh. indien t. I, p. 275, note 2.