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NOTES.

un principe qui revient à chaque instant dans les Sûtras simples ou développés, qu’un fonds de vertu, quelque faible qu’il soit, quelque mêlé qu’il soit de vices n’en produit pas moins les fruits qui y sont attachés, dans le temps et selon la mesure fixée pour ces fruits. J’ai cité ailleurs un Sûtra où est exposée cette doctrine en ce qui touche les actions complètement bonnes, complètement mauvaises, et mélangées de bon et de mauvais[1] ; je reviendrai sur ce passage dans une note relative à la stance 92 de ce chapitre. Toutefois je dirai en attendant, que l’expression serait mieux d’accord avec l’idée, si au lieu de têna kaçalamûlêna, on lisait tênâkuçalamûlêna, car on traduirait, « par lui, malgré cette racine de vice ; » cette correction serait confirmée par ce que je dirai tout à l’heure sur la stance 92.

f. 15 a. Dans cette circonstance.] Au lieu de ces mots, lisez « dans cette occasion, » Je ne me suis aperçu qu’au fol. 63 b de la mauvaise consonnance que produit la rencontre de ce mot avec le terme de stance qui le suit immédiatement. Cette faute se trouve donc encore chap. ii, fol. 19 b ; fol. 21 b ; fol. 23 a ; fol. 28 a ; ch. iii, fol. 36 b ; fol. 40 a ; fol. 41 a ; fol. 49 a, où elle doit être corrigée.

St. 57. Un Kalpa inconcevable.] Lisez, « à l’époque d’un Kalpa inconcevable. » En effet, le mot kalpê est au locatif dans le texte.

St. 58. Le Guide des créatures.] La leçon pradjâya, que donnent les deux manuscrits de M. Hodgson, au lieu de pradjâna du manuscrit de la Société asiatique, m’a fait revenir sur ce vers et remarquer que le titre de Nâyaka. « le Guide, » est, dans le style du Saddharma puṇḍarika, une expression absolue, rarement suivie d’un déterminatif. On peut donc traduire ici, et probablement cette version est la meilleure : « Le Guide enseignait la loi aux créatures. » Dans ce sens, pradjâna serait la forme altérée du génitif pluriel de pradjâ, employée avec le sens du datif ; et pradjâya serait le génitif où le datif singulier, à forme pâlie, du même mot employé collectivement, « la créature, » pour dire les créatures.

f. 16 a. Ces êtres qui existent par eux-mêmes.] Je traduis ainsi le terme de svayam̃bhuvaḥ, que nous trouvons fréquemment donné aux Buddhas dans les livres sanscrits du Népâl. Il importe de ne pas confondre ce terme, qui est une épithète, avec le nom de Svayam̃bhû qui joue, comme on sait, un autre rôle dans la mythologie brahmanique. Je suppose que cette épithète exprime, pour les Buddhistes, le caractère d’indépendance d’un Buddha, qui, au moment où il est arrivé à reconnaître le vide de toutes les lois et de toutes les conditions, n’a plus d’autre soutien et d’autre raison de son existence que lui-même. Cette épithète est également employée par les textes pâlis de Ceylan, et je la trouve dans la préface du commentaire pâli de Mahânâma sur le Mahâvam̃sa, dans un passage consacré à l’énumération des perfections du Buddha et à l’explication de ses noms

  1. Introd. à l’hist. du Buddh. indien, t. I, p. 274.