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CHAPITRE III.

demment que les livres où on les trouve sont postérieurs aux grandes persécutions que le Buddhisme a essuyées dans l’Inde. C’est donc un point qu’on ne devra pas perdre de vue en lisant les collections du Népal et du Tibet, et en les comparant à la collection du Sud. Déjà dans notre Lotus de la bonne loi, on remarque au chapitre xii, f. 1, 47 et suiv. une description frappante des persécutions auxquelles les Religieux devront être exposés après la mort de Çâkyamuni, « pendant cette redoutable époque de la fin des temps, » comme s’exprime le texte ; cela veut dire que cette prédiction a été écrite postérieurement à l’époque des persécutions. Le Lalita vistara a également un passage long et curieux sur l’incrédulité des Religieux futurs[1].

f. 40 a.St. 24. Les dix forces.] On trouvera à l’Appendice, sous le no XI, une note sur les dix forces d’un Buddha, que son étendue ne m’a pas permis de placer ici.

f. 40 b.Ravis, l’âme transportée.] Les termes que je traduis ainsi sont udagrâ âttamanaskâḥ ; le premier n’a pas tout à fait ce sens dans le sanscrit classique ; le second, ne s’y trouve pas du tout, du moins à ma connaissance. On voit cependant que l’adjectif udagra, par son double sens de « se projetant en avant » et de « vif, intense, » nous conduit assez facilement au sens du latin exsultatio, sens que je représente par ravi. Le second terme, qui est composé de âtta, « pris, emporté, enlevé, » et de manaska, adjectif dérivé de manas, aurait peut-être dans le sanscrit classique le sens de a celui à qui le cœur est enlevé, » comme âttagarva, « celui dont l’orgueil est humilié ; » mais rien n’empêche que, selon la vue de l’esprit, âtta désigne soit ce qui nous est enlevé par un autre qui nous en prive, soit ce qu’on enlève soi-même, ce qu’on transporte avec soi : le mot français transporté que j’ai choisi à dessein, donne une idée approximative de cette figure. Le terme que je viens d’expliquer se trouve également en pâli, avec cette légère différence, que l’â initial est abrégé devant la double consonne tta, de cette manière attamana. Cette remarque sert à corriger un passage de l’histoire du roi Dhamma sôdhaka, extraite par Spiegel du Râsavâhinî pâli, et publiée par lui dans ses Anecdota pâlica. L’éditeur a écrit atattamanô râdjâ, et a traduit, « le roi persévérant[2] ; » c’est anattamano, « non satisfait, mécontent, » qu’il faut lire ; l’erreur vient sans doute de la facilité avec laquelle le t et le n se confondent dans l’écriture singhalaise.

f. 41 b.Des Maîtres.] Lisez, « des disciples, » et voyez la note sur le chapitre 1, f. 2 a, p. 296 : de même un peu plus bas, lisez encore, « tant les disciples que ceux qui ne le sont pas. »

f. 42 a.Cassé.] J’ai un peu forcé le sens de l’original en traduisant de cette manière mahallaka, qui dans le sanscrit des livres buddhiques du Nord signifie « grand et vieux. » Schiefner a trouvé ce mot dans le Dictionnaire sanscrit-tibétain buddhique qu’il cite souvent, avec le sens spécial de « Religieux âgé[3]. » Je dis spécial, parce que le mot signifie d’abord « grand

  1. Lalita vistara, f. 51 b du man. A ; Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 92.
  2. Anecdota pâlica, p. 17 et 44.
  3. Eine tibet. Lebensbeschr. Çâkyamuni’s, p. 97.