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NOTES.

et vieux, » et qu’il n’est employé pour désigner un Religieux que quand ce dernier réunit à la condition de son état celle de l’âge. Cela se prouve avec évidence par la manière dont les édits de Piyadasi à Dhaulî et à Kapur-di-giri reproduisent un passage, d’ailleurs obscur, du texte de Girnar. Ainsi là où l’édit de Girnar lit thairêsu, « parmi les vieillards, » ou, comme on dirait à Ceylan, « parmi les Thêras, » les deux autres versions lisent mahâlakênti ou mahalaka, mot qui doit être altéré dans sa désinence grammaticale, mais qui montre que mahalaka, en pâli, mahallaka, est synonyme de thêra pour sthavira, c’est-à-dire signifie « vieillard[1]. » Wilson, dans son Mémoire sur le texte de Kapur-di-giri, a traduit cet adjectif avec doute par « puissant[2] ; » et Lassen, s’occupant du XIVe édit de Girnar, où ce mot se reproduit sous la forme de mahâlaké, a bien vu qu’il devait signifier grand, sans cependant pouvoir déterminer de quelle grandeur il s’agit positivement[3]. Les Buddhistes du Sud viennent ici heureusement à notre secours ; ils emploient en effet mahallaka et mahalla avec les significations de grand pour les choses animées et inanimées, et de vieux, âgé. Ainsi on voit mahallaka appliqué à un vihâra ou monastère[4], comme il l’est, et plus souvent encore à un homme vieux, ou d’un grand âge[5]. Il est probable que ce mot est un développement populaire d’un primitif mahat. Voici en quel sens l’explique la glose pâli-barmane qui accompagne l’exemplaire du Pâtimôkkha appartenant à la Bibliothèque nationale. L’auteur commentant l’épithète de mahallakam, employée pour caractériser un Vihâra, s’exprime ainsi : Mahantam̃ mahantâbhâvam̃ lâti gaṇhâttti mahâlassa bhâvô mahallam̃ mahantabhâvô êtassa atthîti mahallakô, c’est-à-dire : « [Mahallam signifie] mahantam, grand, il obtient, il acquiert l’état de celui qui est grand, se dit l’état de ce qui est grand ou mahalla, la grandeur ; celui auquel appartient l’état de ce qui est grand, se dit mahallaka[6]. » Il ne faut pas non plus oublier l’Abhidhâna ppadipikâ, dont l’autorité, indépendamment des exemples cités tout à l’heure, suffirait pour établir la double signification de mahalla et mahallaka, « large, grand, » et « vieux, âgé[7]. » En ce qui touche l’étymologie même du mot, on y arriverait peut-être plus vite par la voie indienne, en prenant mahalla pour le prâkritisme de mahalya, substantif de mahala ya, lequel mahala viendrait de mah avec le suffixe uṇâdi, ala. J’ai dit tout à l’heure que le texte de l’édit de Girnar prouvait que le mot mahalaka pour mahallaka avait certainement la signification de Religieux âgé. J’en citerai un autre exemple emprunté au même ordre de monuments, à l’Appendice, no X.

f. 42 b.Cette maison tout entière.] Le texte nous offre ici une trace très-reconnaissable de l’influence des dialectes populaires sur le sanscrit du Saddharma puṇḍarîka, c’est le mot sarvâvantam pour dire « tout entier. » En effet, une fois admise l’existence de l’adjectif sarvâvat,

  1. On the rock inscript. etc. dans Journ. roy. asiat. Soc. t. XII, p. 184, l. 3.
  2. Wilson, ibid. p. 187.
  3. Indische Alterthumskunde, t. II, p. 220, n. 3.
  4. Khudda sikkhâ, man. pâli-barman, f. 16 a de mon man. et p. 124 de ma copie.
  5. Mahâvam̃sa ṭikâ, f. 51 a et 65 a ; R. Rost, dans Weber, Ind. Studien, t. I, p. 319.
  6. Pâtimôkkha, man. pâli-barman de la Bibl. nat. f. 10 a, et p. 71 de ma copie.
  7. Abhidh. ppadîp. l. II, ch. iii, sect. 1, st. 27 ; et l. III, ch. iii, st. 295.