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CHAPITRE XXIII.

qu’à quel point les livres des Buddhistes du Sud ont été généralement connus des Buddhistes du Tibet ; je dis généralement, car il y a des preuves que les métaphysiciens du Nord ont cité les recueils philosophiques de Ceylan. À tout prendre, il est plus prudent de laisser l’île des Râkchasîs dans le domaine de ces légendes de navigateurs, qui pour n’avoir ni date rigoureuse, ni localité précise, n’en reposent pas moins sur des accidents réels conservés depuis des siècles dans la mémoire des hommes. Les mers de l’Inde et celles des archipels qui s’y rattachent ont été de tout temps célèbres sous ce rapport, et la renommée des désastres dont elles ont été le théâtre s’est étendue à des nations plus éloignées que celles qui habitent les vallées de l’Himâlaya.

Aussitôt s’emparant du glaive des meurtriers.] La comparaison des manuscrits de M. Hodgson me permet de traduire plus exactement ainsi : « aussitôt les armes de ces meurtriers se briseraient dans leurs mains. »

f. 230 b.Avalôkitêçvara enseigne la loi aux créatures sous la figure d’un Buddha.] Cet exposé fabuleux des transformations d’Avalôkitêçvara se retrouve presque mot pour mot dans la légende relative à ce Bôdhisattva que A. Rémusat a extraite des auteurs chinois[1]. L’analogie est si grande, que je ne puis me défendre de croire que les deux morceaux ont été puisés à la même source ; il est très-probable, à mes yeux du moins, qu’en ce qui regarde le Saddharma puṇḍarîka, ce morceau n’y est pas original.

f. 233 b.St. 28. Après avoir rempli les devoirs de la conduite religieuse.] Ajoutez après ces mots, pendant plusieurs centaines de Kalpas. »

f. 234 a.St. 33. La traduction que le Saddharma puṇḍarîka tibétain donne de ce distique se rapporte certainement à un autre texte que celui de nos manuscrits de Paris et de Londres ; voici, si je ne me trompe, le sens de cette version : « Ce guide du monde n’a pas son semblable dans les trois régions de l’existence ; celui qui entend le nom d’Avalôkitêçvara ne voit pas diminuer ses mérites. »

Qui est et n’est pas uniforme.] L’expression du texte asamasama doit se traduire plus exactement ainsi : « qui est égal à ce qui n’a pas d’égal ; » je crois me rappeler que l’interprète tibétain du Lalita vistara l’entend ainsi. C’est une des épithètes propres à un Buddha, et elle est aussi familière aux Buddhistes de Ceylan qu’à ceux du Nord, comme on peut s’en convaincre par l’emploi qu’en fait le Djina alam̃kâra[2].

  1. Foe koue ki, p. 122.
  2. Djina alam̃kâra, f. 8 a et b.