Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/510

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
469
APPENDICE. — No II.

aliments dignes de confiance, se font des moyens d’existence à l’aide d’une science grossière et par une vie de mensonge, par exemple par la connaissance des signes des joyaux, des signes des bâtons, * des signes des étoffes, des signes des glaives, des signes des flèches (usu), des signes des arcs, des signes des armes, des signes des femmes, des hommes, des jeunes gens, des jeunes filles, des esclaves, des femmes esclaves, des signes des éléphants, des chevaux, des buffles, des taureaux [f. 18 b], des vaches, des chèvres, des boucs, des coqs, des perdrix, des ichneumons, des Karṇikâs[1], des tortues, des gazelles ; lui au contraire il a de l’aversion pour se faire des moyens de vivre à l’aide d’une science grossière et par une vie de mensonge. Cela même lui est compté comme vertu.

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, se font des moyens d’existence à l’aide d’une science grossière et par une vie de mensonge, par exemple en disant : Il y aura une sortie de Râdjas ; il y aura une invasion de Râdjas ; il y aura attaque des Râdjas de l’intérieur ; il y aura fuite des Râdjas de l’extérieur ; il y aura attaque des Râdjas de l’extérieur ; il y aura fuite des Râdjas de l’intérieur ; il y aura victoire des Râdjas de l’intérieur ; il y aura défaite des Râdjas de l’extérieur ; il y aura victoire de celui-ci, défaite de celui-là ; lui au contraire il a de l’aversion pour se faire des moyens d’existence à l’aide d’une science grossière de ce genre et par une vie de mensonge. Cela même lui est compté comme vertu.

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, se font des moyens d’existence à l’aide d’une science grossière et par une vie de mensonge, par exemple en disant : Il y aura éclipse de lune ; il y aura éclipse de soleil ; il y aura éclipse d’une constellation ; le soleil et la lune marcheront dans leur route ; le soleil et la lune s’écarteront de leur route ; les constellations suivront leur route ; les constellations s’écarteront de leur route ; il y aura chute d’un météore ; il y aura incendie des points de l’horizon ; il y aura tremblement de terre ; on entendra les timbales des Dêvas ; il y aura ascension, retraite, travail ou disparition des constellations devant le soleil ou la lune ; l’éclipse de lune, l’éclipse de soleil, l’éclipse des constellations auront tel et tel résultat ; si le soleil et la lune suivent leur route, s’ils s’écartent de leur route, si les constellations suivent leur route, si elles s’écartent de leur route, s’il tombe un météore, si les points de l’horizon sont enflammés, s’il y a un tremblement de terre, si l’on entend les timbales des Dêvas, s’il y a ascension, retraite, travail ou disparition des constellations devant le soleil et la lune, ces divers phénomènes auront tel et tel résultat ; lui au contraire il a de l’aversion pour se faire des moyens d’existence à l’aide d’une science grossière de ce genre et par une vie de mensonge. Cela même lui est compté comme vertu[2].

  1. Ce mot doit désigner un animal à longues oreilles, mais je ne sais lequel.
  2. Cette énumération de prodiges, ainsi que celles qui précèdent et qui suivent, rappellent les énoncés analogues de l’Adbhuta brâhmaṇa, du Sâmavêda, que vient de nous faire connaître Weber, (Indische Studien, t. I, p. 39 et suiv.) On comparera avec intérêt l’exposé du Brâhmaṇa à celui de notre Sutta ; non que les termes en soient identiquement les mêmes, mais parce que ces termes portent de part et d’autre sur les mêmes phénomènes, les tremblements de terre, les météores, les prodiges, etc. Il importe d’ailleurs