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APPENDICE. — No II.

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, se font des moyens d’existence à l’aide d’une science grossière et par une vie de mensonge, par exemple en disant : Il y aura grande abondance de pluie ; il y aura grande rareté de pluie ; il y aura bonne récolte ; il y aura disette ; il y aura prospérité ; il y aura calamité ; il y aura maladie ; il y aura santé ; ou par l’annonce de l’avenir à l’aide du calcul des diagrammes ; ou encore par la connaissance de la poésie et par la doctrine des Lôkâyatas ; lui au contraire il a de l’aversion pour se faire des moyens d’existence à l’aide d’une science grossière et par une vie de mensonge. Cela même lui est compté comme vertu.

« Comme on voit [f. 51 b] de respectables [f. 19 a] Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, se font des moyens d’existence à l’aide d’une science grossière et par une vie de mensonge, par exemple en faisant des conjurations, en détournant des conjurations, en employant des charmes, en détruisant des charmes[1], en jetant des sorts, en détournant des sorts, en produisant le bonheur, en produisant le malheur, en causant la stérilité [chez les femmes], en rendant la langue muette, en frappant la joue, en murmurant des paroles sur les mains, en murmurant des mots à l’oreille, en interrogeant un miroir[2], en interrogeant les jeunes filles et les Dêvas, en rendant un culte au soleil, en servant les grands, en portant de la lumière devant quelqu’un, en faisant des invocations sur la tête d’un autre ; lui au contraire il a de l’aversion pour se faire des moyens d’existence à l’aide d’une science grossière de ce genre et par une vie de mensonge. Cela même lui est compté comme vertu.

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, se font des moyens d’existence à l’aide d’une science grossière et par une vie de mensonge, par exemple en pratiquant les cérémonies propitiatoires, la consécration, la cérémonie qui assure le succès, le Bhûrikamma[3], l’acte du Vassa (Vachaṭ), du Vôssa (Vâuchaṭ), la cérémonie des substances, la préparation des substances[4],

    de signaler les points par lesquels la rédaction des anciens traités buddhiques, si différente à bien des égards de celle des livres brahmaniques antérieurs à notre ère, s’en rapproche cependant et annonce une méthode et des procédés analogues.

  1. Les mots du texte sont âvâhaṇam̃ vivâhanam̃ sam̃vadanam̃ vivadanam̃ ; comme tout ce morceau a trait aux pratiques des sorciers, je me suis appuyé sur le sens de sam̃vadana et de âvâhaṇa pour traduire comme je l’ai fait. Il est évident que ces quatre termes sont opposés deux à deux l’un à l’autre. Si sam̃vadana exprime l’action de soumettre quelqu’un à l’aide d’incantations, vivadana doit exprimer l’action d’éloigner l’effet de pareilles pratiques. La version que je donne de âvâhana et de vivâhaṇa est plus conjecturale. On pourrait y voir « l’action d’inviter les parties pour un mariage, et celle de le conclure ; » mais âvâhana, en sanscrit, désigne déjà, d’après Wilson, une certaine position des mains et des pouces qui a sans doute rapport à la magie ; j’ai traduit âvâhana dans le sens de « l’action d’amener sur, » sens que ce mot peut avoir étymologiquement.
  2. Le texte a en un endroit âdâsadjappanam̃, « l’action de s’entretenir avec un miroir, » et dans un autre âdâsapañham̃ ; c’est d’après cette dernière leçon que j’ai traduit.
  3. Le terme de Bhûrikamma n’est peut-être qu’une allusion à la fameuse formule brâhmanique bhûr bhuvaḥ svar ; les termes qui viennent ensuite et de l’interprétation desquels je suis plus sûr, le donneraient à penser.
  4. Le texte du Subho sutta lit paṭikirânam̃, ce qui signifie probablement « l’action de répandre en distribuant, ou l’aspersion.»