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APPENDICE. — No II.

tagne un lac plein d’une eau transparente, pure et limpide, et qu’un homme doué de vue et debout sur ses bords y vit les vers et les coquilles, le sable et le gravier, les bandes de poissons qui s’y meuvent, ou qui y sont arrêtées, et qu’il fît cette réflexion : Voici un lac plein d’une eau transparente, pure et limpide ; voici les vers et les coquilles, le sable et le gravier, et les bandes de poissons qui s’y meuvent, ou qui y sont arrêtées ; de la même manière, grand roi, le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] il n’y a plus lieu à revenir ici-bas. * Lorsque le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] il n’y a plus lieu à revenir ici-bas, cela même lui est compté comme sagesse. * C’est là, grand roi, un résultat général et prévu qui est et plus éminent et plus précieux que les autres résultats généraux et prévus dont il a été parlé précédemment[1]. Il n’y a pas, grand roi, un autre résultat général et prévu qui soit et plus élevé et plus précieux que le résultat que tu viens d’entendre.

« Cela dit, le roi du Magadha, Adjâtasattu, fils de Vêdêhî, parla ainsi à Bhagavat : Éminent, seigneur, éminent, en effet ! De même, seigneur, que si l’on redressait un objet renversé sens dessus dessous ; si l’on découvrait une chose cachée, si l’on indiquait le chemin à un homme égaré, si l’on portait au milieu de l’obscurité une lampe à huile, et que les hommes qui ont des yeux vissent les formes, de même la loi m’a été expliquée par Bhagavat de plusieurs manières différentes. Aussi me réfugié-je auprès de Bhagavat, auprès de la Loi, auprès de l’Assemblée. Consens, ô Bhagavat, à me recevoir comme fidèle, aujourd’hui que je suis arrivé devant toi, que je suis venu chercher un asile auprès de toi. Un crime m’a fait transgresser la loi, seigneur, comme à un ignorant, comme à un insensé, comme à un criminel. J’ai pu, pour obtenir le pouvoir suprême, priver de la vie mon père, cet homme juste, ce roi juste. Que Bhagavat daigne recevoir de ma bouche l’aveu que je fais de ce crime, afin de m’imposer pour l’avenir le frein de la règle. — Il est donc vrai, grand roi ! un crime t’a fait transgresser la loi, comme à un ignorant, comme à un insensé, comme à un criminel, toi qui as pu, pour obtenir le pouvoir suprême, priver

    après avoir gagné le ciel pour prix de ses vertus antérieures, revient en ce monde, un texte du Dîgha nikâya s’exprime ainsi : Sô tatô tchutô itthattam âgatô samânô imam̃ mahâpurisalakkhaṇam̃ paṭilabhati. « Descendu de ce monde et étant arrivé ici-bas, il revêt ce signe extérieur d’un grand homme. » (Lakkhaṇa sutta, dans Dîgh. nik. f. 167 a.) Ce passage ne laisse aucun doute sur le véritable sens du mot itthattam, « l’état d’être ici ; » on y remarquera en outre le participe samânô ; c’est un exemple de plus, à ajouter à ceux que j’ai déjà cités plus haut (p. 409), pour prouver l’emploi d’un participe moyen du radical as en pâli.

  1. Après la phrase placée entre deux étoiles, le Subha sutta ajoute le morceau suivant par lequel il se termine dans mon manuscrit. C’est là, jeune Brâhmane, la masse sublime de sagesse dont le Bienheureux [f. 55 b] a fait l’éloge, qu’il a fait accepter à la foule du peuple, dans laquelle il l’a introduite, dans laquelle il l’a établie. Y a-t-il pour moi ici quelque chose de plus à faire ? C’est une chose surprenante, ô Ânanda [reprit le jeune Brâhmane] ; c’est une chose merveilleuse, ô Ânanda, c’est un puissant moyen de succès, que cette sublime masse de sagesse qui est achevée et non inachevée. Je n'aperçois pas, ô Ânanda, hors d’ici, dans les autres Samaṇas ou Brâhmanes, une masse sublime de sagesse aussi achevée. — Il n’y a donc pour nous rien de plus à faire ici ? — Cela est éminent, ô Ânanda. De même, ô Ânanda, que si l’on redressait un objet renversé sens dessus dessous, si l’on découvrait une chose cachée, si l’on indiquait le chemin à un homme égaré, [etc. comme au texte, jusqu’à] je suis venu chercher un asile auprès de toi. »