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APPENDICE. — N° VIII.

Dans le relevé qu’on vient de lire, j’ai compris le petit nombre de termes de l’énumération de Baldœus, qui ne se retrouvent pas immédiatement dans celle du Dharma pradîpikâ, ou dans les additions de celle de Low. Deux symboles seulement, sur un total de 68, sont restés en dehors : ce sont le n° 26, « le monde, » qui rentre ou dans le n° 27, « le mur d’enceinte du monde, » ou dans le n° 33, « les quatre vents ; » et le n° 56, « le « serpent, » qui fait double emploi avec le n° 47, « le roi des serpents. »

Nous sommes actuellement en mesure d’apprécier la valeur des idées qui ont décidé du choix des objets qu’on a cru voir sur cette empreinte. II n’y en a, en réalité, qu’une seule qui se montre partout ; c’est que les êtres les plus éminents et les choses les plus belles devaient être représentés sur la plante du pied d’un personnage aussi parfait que le Buddha. Ainsi on voit d’abord les signes mystiques qui annoncent la prospérité el a. grandeur de celui qui en porte l’empreinte. Vient ensuite une longue série d’objets matériels, comme des parures, des armes, des meubles, qui sont, aux yeux des Indiens, l’apanage de la puissance royale. Au monde physique on a emprunté ce qu’il a de plus frappant, le soleil, l’océan, les montagnes, les animaux les plus redoutables ou les plus utiles, soit parmi les quadrupèdes, soit parmi les volatiles, enfin les végétaux les plus remarquables par l’élégance de leurs formes et l’éclat de leurs couleurs. Le monde surnaturel a également fourni l’image du premier des dieux selon les Brahmanes, celle des mondes divins, et de diverses classes de génies qui es habitent, selon les Buddhistes. Mais les emprunts faits à ce dernier ordre d’idées sont, à beaucoup près, moins nombreux que ceux qu’on a demandés au monde réel, et en particulier aux objets qui frappent le plus le vulgaire. Je conclus de cette circonstance que, sauf l’indication des signes mystiques, la religion n’a eu que très-peu de part à la formation de ce catalogue confus de figures rassemblées un peu au hasard. C’est un instinct assez grossier qui en a fait le choix ; et par là s’explique le succès qu’a eu l’idée de voir tant de choses sur l’image du pied de Çâkyamuni, chez des peuples aussi peu éclairés en général que le sont les Singhalais et surtout les Siamois.

Aussi la valeur de ces représentations imaginaires est-elle, il faut bien le dire, à peu près nulle pour nous ; car ce culte de l’empreinte du Çripdda ou du « bienheureux pied, » comme on le nomme, est une des superstitions les plus mesquines et les moins poétiques. Tout ce qu’elle nous apprend se réduit à ceci, qu’il y faut voir une nouvelle preuve de l’importance qu’on a dû naturellement donner aux moindres particularités qui se rattachent à la personne physique du Maître. C’est une suite naturelle, quoique exagérée, de ce principe de respect qui avait, anciennement sans doute, idéalisé les signes extérieurs de son corps sous le nom des trente-deux caractères physiques d’un homme supérieur. À ce point de vue je ne pouvais pas me dispenser de leur donner place dans une recherche relative à ces caractères eux-mêmes ; mais je suis bien éloigné de les placer sur le même rang, parce que je ne pense pas qu’ils appartiennent au même âge de la doctrine. Si les signes caractéristiques d’un grand homme offrent, d’après la rédaction des diverses écoles, quelques différences dont on a déjà pu juger par j’analyse que j’en ai