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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/704

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APPENDICE. — N° X.

du sens de réputation, je rends parisavê par « résultat, effet, » littéralement, ce qui découle d’une chose, ou si l’on veut, « profit. » Puis, tout en reconnaissant que le dissyllabe apa peut bien n’être que la préposition sanscrite apa, je préfère y voir le prâcritisme de l’adjectif alpa, « petit, peu ; » c’est une interprétation qu’on n’a pas, que je sache, proposée jusqu’ici pour ce terme, et dont je prouverai cependant l’exactitude par d’autres passages de nos inscriptions. Le mot entier signifie donc « un faible profit, peu de profit ; » et conséquemment la leçon de Kapur-di-giri, aparisavé, signifie « absence de profit. »

Reste le mot asa, où je ne crois pas qu’il soit possible de voir autre chose que le pâli assa avec le sens d’un subjonctif ; de façon que la proposition complète, kim̃ti sakalê apaparisavê asa, signifie selon moi, littéralement, « bien plus, ce serait en entier un faible « profit, » traduction où par le mot ce il faut certainement entendre la gloire et la renommée dont parle le roi au commencement du paragraphe ; c’est une ellipse très-acceptable pour un style en général aussi concis, et M. Wilson y a eu déjà recours pour son interprétation. Remarquons encore la variante que le texte de Kapur-di-giri donne ici à la place du verbe asa ; c’est suyati, où je reconnais la forme prâcrite du sanscrit çrûyatê, « il est entendu. » Ce verbe est ici employé comme le latin audit, dans le sens d’une maxime, d’un fait qu’on connaît par le bruit public ; il donne à la proposition un caractère de généralité et presque de solennité qui ne serait exprimé encore qu’imparfaitement ainsi : « bien plus, toute gloire, on le sait, est de peu de profit. » Si maintenant je n’adopte pas la leçon de Kapur-di-giri, aparisavê, qui donnerait le sens suivant, également philosophique, « bien plus, toute gloire est sans profit, » c’est que cette version est un peu contradictoire à la suite du discours où nous allons voir que la gloire et la renommée produisent cependant un résultat.

Ce résultat, je le trouve indiqué dans la courte proposition qui suit : êsa tu parisavê ya apum̃ñam̃, littéralement, « mais cela [est] le résultat qui [est] l’absence de vertu, » c’est-à-dire, « ce qui en résulte au contraire, c’est l’absence de vertu ; » quoique « l’absence de vertu » ne soit qu’une traduction imparfaite du mot apum̃ñam̃, mot dont l’acception est très-étendue, et qui embrasse depuis le sens d’impureté jusqu’à celui de vice et de mal moral. Comme je l’ai dit tout à l’heure, la copie de Kapur-di-giri porte parasravê, ce qui nous donne toute assurance sur le point étymologique. Quant à celui de l’interprétation, la vraisemblance du sens que je propose me paraît un argument décisif en sa faveur.

Ce qui suit, dukaram̃ ta khô, où je remplace ta par le tu de la version de Kapur-di-giri, commence une proposition nouvelle dont le sujet est êtam̃, « difficile autem certe istud. » M. Wilson voyant ici, comme il fait ailleurs, dans tukhô, le prâcritisme du sanscrit tucha, traduit cette courte proposition par « peine et paille, » ce dont il fait un attribut à la réputation qui est celle de l’injustice. » Je m’expliquerai bientôt sur cette hypothèse, qui me paraît inadmissible ; quant à présent, je trouve dans tukhô la conjonction tu, « mais, » et le mot khô, « certes, en effet, » ainsi que je viens de le dire tout à l’heure.

Prinsep et Wilson ont hésité sur la lecture du mot suivant, qui par sa forme d’adjectif en ka, et par le rapport qu’il offre avec djanêna, « par l’homme, par la gent, » indique sans aucun doute la personne à laquelle il est difficile de faire ce dont il est parlé. La