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CHAPITRE III.

124. Pendant plusieurs milliers de myriades de kôṭis de Kalpas en nombre égal à celui des sables du Gange, il est imbécile et estropié ; voilà le fruit qui résulte de son mépris pour ce Sûtra.

125. Son jardin est l’Enfer ; sa demeure est une place dans une des existences où l’homme est puni ; il y reste sans cesse sous les formes de l’âne, du pourceau, du chacal et du chien.

126. Et même lorsqu’il a repris la condition humaine, la cécité, la surdité et la stupidité sont pour lui ; esclave des autres, il est toujours misérable.

127. Alors les ornements et les vêtements qu’il porte sont ses maladies ; il a sur le corps des myriades de kôṭis de blessures ; il a des ulcères, la gale et des éruptions cutanées,

128. La lèpre blanche, la lèpre qui forme des taches, et il exhale une odeur de cadavre ; si son corps est sain, c’est l’organe de la vue qui, chez lui, devient opaque. La violence de sa colère éclate au dehors ; la concupiscence est extrême en lui ; enfin il réside sans cesse dans des matrices d’animaux.

129. Oui, Çârisuta, quand même je passerais ici un Kalpa complet à énumérer les vices de celui qui méprise mon Sûtra, je ne pourrais en atteindre le terme.

130. Aussi est-ce parce que je connais ce sujet, que je t’avertis, ô Çâriputtra, de ne pas exposer ce Sûtra en présence des gens ignorants.

131. Mais les hommes qui sont, en ce monde, éclairés, instruits, doués de mémoire, habiles, savants ; ceux qui sont arrivés à l’excellent et suprême état de Bôdhi, c’est à ceux-là que tu peux faire entendre cette vérité suprême.

132. Ceux par qui ont été vus de nombreux kôṭis de Buddhas, ceux qui ont fait croître en eux-mêmes d’innombrables mérites et qui sont inébranlables dans la méditation, c’est à ceux-là que tu peux faire entendre cette vérité suprême.

133. Ceux qui, pleins d’énergie, toujours occupés de pensées de bienveillance, ne songent sans cesse qu’à la charité ; ceux qui font l’abandon de leur corps et de leur vie, tu peux réciter ce Sûtra en leur présence.

134. Ceux qui ont des égards pour les opinions les uns des autres, qui n’entretiennent pas de rapports avec les ignorants, et qui vivent satisfaits dans les cavernes des montagnes, tu peux leur faire entendre ce Sûtra fortuné.

135. Ceux qui recherchent des amis vertueux et qui évitent des amis pécheurs, les fils de Buddha, [en un mot,] en qui tu reconnais ces qualités, méritent que tu leur expliques ce Sûtra.

136. Ces fils de Buddha, semblables à des joyaux précieux, que tu vois pratiquant sans interruption les devoirs de la morale, qui s’appliquent à comprendre les Sûtras aux grands développements, tu peux réciter en leur présence ce Sûtra.