Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/84

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périeur, posant à terre le genou droit tenant les mains jointes en signe de respect du côté où était assis Bhagavat, le regardant en face, le corps incliné en avant, l’extérieur modeste et recueilli, ils parlèrent en ces termes à Bhagavat :

Nous sommes vieux, ô Bhagavat, âgés, cassés ; nous sommes respectés comme Sthaviras dans cette assemblée de Religieux. Épuisés par l’âge, nous nous disons : "Nous avons obtenu le Nirvâna ; nous ne pouvons plus faire d’efforts, ô Bhagavat, pour arriver à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli, nous sommes impuissants, nous sommes hors d’état de faire usage de nos forces. Aussi, quand Bhagavat expose la loi, que Bhagavat reste longtemps assis et que nous assistons à cette exposition de la loi, alors, ô Bhagavat, assis pendant longtemps et pendant longtemps occupés à honorer Bhagavat, nos membres et les portions de nos membres, ainsi que nos articulations et les parties qui les composent, éprouvent de la douleur. De là vient que, quand nous démontrons, durant le temps où Bhagavat enseigne la loi, l’état de vide, l’absence de toute cause, l’absence de tout objet, nous ne concevons pas l’espérance soit d’atteindre à ces lois du Buddha, soit d’habiter dans ces demeures qu’on nomme les terres des Buddhas, soit de nous livrer aux voluptés des Bôdhisattvas ou à celles des Tathâgatas. Pourquoi cela ? C’est que, ô Bhagavat, attirés en dehors de la réunion des trois mondes, nous imaginant être arrivés au Nirvâna, nous sommes en même temps épuisés par l’âge et par les maladies. C’est pourquoi, ô Bhagavat, au moment où d’autres Bôdhisattvas ont été instruits par nous, et ont appris qu’ils parviendraient un jour à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli, alors, ô Bhagavat, pas une seule pensée d’espérance relative à cet état, ne s’est produite en nous. C’est pourquoi, ô Bhagavat, entendant ici de ta bouche ce que tu viens de dire : "La prédiction de l’état futur de Buddha parfaitement accompli s’applique aussi aux Çrâvakas, nous sommes frappés de surprise et d’étonnement. Nous avons obtenu aujourd’hui un grand objet, ô Bhagavat, aussitôt que nous avons entendu cette voix de Bhagavat, que nous n’avions pas ouïe précédemment ; nous nous sommes trouvés en possession d’un grand joyau, ô Bhagavat, en possession d’un joyau incomparable. Oui, Bhagavat, le joyau que nous avons acquis n’était ni recherché, ni poursuivi ni attendu, ni demandé par nous. C’est là ce qu’il nous semble, ô Bhagavat c’est là ce qu’il nous semble, ô Sugata.