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§ 259. Article ὁ, ἡ, τό, indiquant le sujet de la proposition.

Nous venons de voir pour attribut un adjectif, θνητός. Souvent aussi l’attribut est un nom substantif : ὁ κάματος θησαυρός[1] ἐστι, le travail est un trésor.

En grec comme en français, c’est le nom précédé de l’article qui est le sujet (ὁ κάματος) ; l’autre est l’attribut (θησαυρός).

Il faut faire la plus grande attention à l’article, parceque sa suppression ou son déplacement pourraient changer entièrement le sens : ἡ ἀρετὴ πλοῦτός ἐστι, la vertu est une richesse.

Déplacez l’article, et dites :

ἀρετὴ ὁ πλοῦτός ἐστι, le sens sera, la richesse est une vertu, ce qui est tout différent.

§ 260. Ellipse de l’article[2].

Il est pourtant des cas où la suppression de l’article en grec ne forme aucune équivoque : αὐτάρκειά ἐστι πλοῦτος, contentement est richesse ; c’est-à-dire, être content de son sort, c’est être riche. Le bon sens indique que αὐτάρκεια est sujet, et πλοῦτος attribut.

En français même on supprime quelquefois l’article, surtout dans les locutions proverbiales : contentement passe richesse.

§ 261. Ellipse du verbe être.

Il ne peut y avoir de sujet sans un verbe exprimé ou sous-entendu. Le verbe εἶναι, être, se sous-entend très souvent :

φίλος πιστός σκέπη κραταιά, un ami fidèle est un fort rempart.

σκιᾶς παροδός ὁ βίος ἡμῶν, notre vie est une ombre qui passe ; mot à mot : la vie de nous, passage d’une ombre.

αἱ ἐλπίδες τῶν ἀνθρώπων ὄνειροι, les espérances des hommes sont des songes.

ἀρχὴ σοφίας φόϐος Κυρίου, la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse. Nota. On voit de plus, dans ce dernier exemple, l’article sous-entendu suivant le § ci-dessus.

  1. Les mots espacés sont ceux qui font le sujet de la règle.
  2. Ellipse (d’ἔλλειψις) signifie omission, manque, ce qui est de moins ; Rac. λείπω.