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commode de rendre cette tournure en français. Quant à la construction littérale, comme le relatif doit toujours y figurer le premier, il faut dire : quā, en comparaison de laquelle, nihil est divinius in homine, il n’y a rien de plus divin dans l’homme.

Rem. Ce rapport, en comparaison de, au prix de, est exprimé par l’ablalif lui-même, sans le secours d’aucune préposition. On suppose ordinairement l’ellipse de præ ; mais cette préposition n’est jamais employée par les auteurs classiques avec le comparatif. Elle l’est quelquefois avec le positif, dans un sens un peu différent : Videris præ nobis beatus, Cic. (vous paraissez heureux en comparaison de nous) ; c.-à-d., vous n’êtes pas fort heureux, mais, en comparaison de nous, vous paraissez l’être.

§ 253. Ablatif tenant lieu de deux propositions.

Latius opinione. — Plus æquo.

Le comparatif se joint élégamment aux ablatifs spe, opinione, exspectatione, dans des phrases où la comparaison tombe non sur l’espérance ou l’opinion elle-même, mais sur l’objet de cette espérance, de cette opinion : Latius opinione disseminatum est hoc malum, Cic. (ce mal est plus répandu qu’on ne pense) ; quam opinio est | id disseminatum esse. L’ablatif tient lieu, comme on voit, de deux propositions, tandis que, dans virtus est pretiosior auro, il en représente une seule, quam aurum est pretiosum.

Les ablatifs neutres æquo, justo, solito, employés de cette manière, se rendent en français par des locutions également elliptiques : Plus æquo (plus que de raison) ; Citatior solito amnis erat, T. Liv. (le fleuve était plus rapide que de coutume). De même, dicto citius (plus vite que la parole = plus tôt que la parole n’est achevée).

§ 254. COMPARATIF SIGNIFIANT trop, assez, un peu.

1. Souvent on emploie le comparatif seul et sans exprimer le second terme de la comparaison. Il se rend alors par trop avec le positif : Voluptas, quum major est atque longior, omne animi lumen exstinguit, Cic. (le plaisir, quand il est trop vif et trop prolongé, éteint toutes les lumières de l’esprit). En remplissant l’ellipse, on aurait major atque longior æquo, c’est-à-dire quam æquum est eam esse.