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istius), lorsque l’objet possesseur et l’objet possédé appartiennent à deux propositions indépendantes l’une de l’autre : « Je connais Cicéron et j’admire son génie (le génie de lui), » Novi Ciceronem, ejusque miror ingenium.

Rem. 1. Une phrase qui a deux sujets ou deux compléments unis par et, peut toujours se ramener à deux propositions indépendantes :

« Tibérius Gracchus et son frère furent tués, (Tibérius fut tué, le frère de lui fut tué), » Tiberius Gracchus ejusque frater occisi sunt.

« On livra au supplice Lentulus et ses complices, » Sumptum supplicium est de Lentulo et sociis ejus, (sumptum est de Lentulo, et sumptum est de sociis ejus).

2. On emploie encore ejus dans certains cas où l’objet possesseur et l’objet possédé appartiennent à la même proposition, pourvu que ni l’un ni l’autre n’en soient le sujet, et qu’ils ne soient liés par aucune idée de réciprocité :

Oratio principis per quæstorem ejus audita est, Tac. (le discours du prince fut lu par son questeur[1]). Le prince et son questeur sont ici considérés séparément : le discours du prince fut entendu, et ce fut le questeur du prince qui en donna lecture. La phrase équivaut donc réellement à deux propositions.

3. La possession est souvent exprimée en français par en, qui représente de lui, d’elle, d’eux : « J’ai vu le temple, et j’en ai admiré la grandeur, » Templum vidi, et ejus magnitudinem miratus sum.

§ 302. Equivoques à éviter.

1. L’emploi de suus peut quelquefois donner lieu à des équivoques. Pour les éviter, on se sert d’ipsius, ipsorum :

[Cæsar milites suos interrogabat] cur de suā virtute, aut de ipsius diligentiā desperarent, Cés. (César demandait à ses soldats pourquoi ils désespéraient de leur courage ou de son activité) ; suā diligentiā aurait pu se rapporter aux soldats, comme sua virtute ; ipsius ne peut désigner que César.

Narbazanes et Bessus Artabazum orabant ut causam ipsorum tueretur, Q. Curce, (Narbazane et Bessus priaient Artabaze de défendre leur cause) ; causam suam aurait pu signifier la cause d’Artabaze.

  1. Mot à mot : fut entendu par le moyen du questeur de lui.