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§ 347. Datif avec le verbe impersonnel licet.

Licuit esse otioso.

Une attractiou pareille a lieu avec licet, lorsque ce verbe a pour sujet un des infinitifs esse ou fieri, accompagné d’un adjectif : In publica re, mihi negligenti esse non licet, Cic. (il ne m’est pas permis d’être indifférent aux affaires publiques). — Licuit esse otioso Themistocli, Cic. (Thémistocle aurait pu vivre dans le repos).

Rem. 1. L’adjectif peut aussi se mettre à l’accusatif, comme attribut de la proposition infinitive : Is erat annus quo ei consulem fieri liceret, Cés. (c’était l’année où il lui était permis d’être élu consul). Cette construction est rare, lorsque le datif de la personne est exprimé ; elle est assez fréquente, lorsqu’il ne l’est pas : Liceat esse miseros, Cic. (qu’il nous soit permis d’être malheureux) = nos esse miseros | liceat.

2. Les poëtes et les écrivains postérieurs à Cicéron étendent l’attraction du datif aux verbes datur, contingit, prodest, vacat, necesse est : Infirmo non vacat esse mihi, Ov. (je n’ai pas le temps d’être malade). — Vobis necesse est fortibus viris esse, T. Liv. (c’est une nécessité pour vous d’être braves).

§ 348. Datif avec les verbes passifs.

Mihi probantur.

On a vu, § 328, que le nom de la personne qui fait l’action exprimée par le verbe passif se mettait à l’ablatif, précédé de a ou ab. Ce nom peut aussi se mettre au datif avec certains verbes, comme audiri, haberi, intelligi, laudari, probari, quæriy, videri, et autres, que l’usage apprendra : Cui non sunt auditæ Demosthenis vigiliæ ? Cic. (qui n’a entendu parler des veilles de Démosthène) ? — Mihi valde probantur Ciceronis libri (les livres de Cicéron sont fort de mon goût).

Ce datif doit être considéré comme le complément du verbe être, compris dans tout passif. Les deux exemples suivants feront parfaitement saisir cette analogie : Mihi consilium captum jam diu est, Cic. (mon parti est pris depuis longtemps) ; mot à mot, le parti est pour moi pris depuis longtemps. — Barbarus hic ego sum, quia non intelligor ulli, Ov. (je suis ici un barbare, parce que je ne suis compris de personne) ; proprement, parce que je ne suis intelligible pour personne.