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PRÉFACE.

L’auteur de tout livre doit compte au public de son dessein, surtout lorsque après tant d’autres il vient traiter une matière qu’on pourrait croire épuisée. On a beaucoup écrit sur la grammaire latine, et depuis que la savante école de Port-Royal a montré, par la publication de sa Nouvelle Méthode, comment et en quelle langue elle devait être enseignée à des Français, les méthodes et les rudiments se sont multipliés sous toutes les formes. Je ne chercherai pas ce qu’y a gagné la science grammaticale ; toutes les tentatives qui ont pour but de faciliter une étude sans laquelle il n’y a point d’éducation libérale, méritent des éloges ou au moins de l’indulgence ; et ce n’est pas au moment où j’apporte ma pierre à l’édifice commun, que je voudrais juger ce que d’autres ont fait avant moi. Près de trente ans se sont écoulés depuis que j’ai exposé les éléments de la grammaire grecque dans un ouvrage que les maîtres et les élèves ont accueilli avec une faveur dont je suis honoré et reconnaissant. Je ne reprendrais pas la plume à mon âge, et pour un travail du même genre, si je ne croyais avoir quelques vérités utiles à enseigner, quelques préjugés à détruire. Tout n’a pas été dit en France sur la langue latine. Nous sommes même, il faut en convenir, restés à cet égard fort en arrière de l’Allemagne[1]. Je n’ai rédigé cette Méthode qu’après une longue et sérieuse étude de toutes les grammaires publiées dans ce pays. L’exposition lumineuse et facile du Docteur Zumpt ; la riche collection d’exemples rassemblés par Brœder, G. F. Grotefend, Ramshorn ; la marche toute scientifique d’Aug. Grotefend, Billroth, Weissenborn ; les traités plus élémentaires de Blume et de Bischoff ; le cours si complet de Reisig, commenté par Fr. Haase ; les Opuscules de Gernhard et de Wagner ; les savantes recherches de Schneider et de Struve ; la Théorie du style latin de Grysar ; les Particules de Hand, et tant d’autres ouvrages que je pourrais ajouter à cette liste, m’ont été, je me plais à le reconnaître, d’une grande utilité. Je ne parle pas

  1. M. Leudière a publié à Paris, en 1829, la première livraison d’un Traité complet de la Langue latine. Malheureusement cet ouvrage n’a pas été continué.