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§ 474. III. Avec utrum, ... an (cf. § 468).

Quand l’interrogation indirecte est formée de deux membres opposés l’un à l’autre, le premier est précédé de utrum, que nous rendons par si, le second de an, qui signifie ou : Nunc quæro utrum vestras injurias, an reipublicæ, persequamini, Cîc. (je vous demande maintenant si vous vengez vos injures, ou celles de la république).

Utrum peut être sous-entendu : Stellarum numerus par, an impar sit, incertum est, Cic. (on ignore si le nombre des étoiles est pair ou impair).

On peut, au second membre, remplacer an par  : Hominibus prodesse natura jubet ; servi liberine sint, quid refert ? Sén. (la nature commande de faire du bien aux hommes ; qu’importe qu’ils soient[1] esclaves, ou qu’ils soient libres ?) = utrum servi [sint], an liberi sint.

Ou non s’exprime par necne, et le verbe du premier membre est répété ou sous-entendu : Dii utrum sint, necne sint, quæritur, Cic. (on demande s’il existe des dieux, ou non). On dirait également bien, utrum sint dii, necne, quæritur.

Rem. Utrum peut être remplacé, dans la première partie de l’interrogation, par , quelquefois même par num ; il ne peut l’être par an : Quis scire potest, unusne mundus sit, an plures ? Cic. (qui peut savoir s’il n’y a qu’un monde, ou s’il y en a plusieurs ?)

§475. Haud scio an, nescio an.

A l’interrogation indirecte se rattache la formule Nescio an ou haud scio (haud sciam) an, dont on se sert pour exprimer son opinion avec réserve et sous la forme du doute. Il faut remarquer ici une opposition complète entre le français et le latin. Ainsi Tite-Live, voulant exprimer que les Romains avaient peut-être poussé trop loin les précautions en faveur de la liberté, dit sans négation : Nescio an modum excesserint[2], ce que nous rendons avec une négation, « Je ne sais s’ils n’ont pas dépassé la mesure, » c’est-à-dire je suis porté à croire qu’ils l’ont dépassée.

Mais la conformité reparaît entre les deux langues si l’on traduit nescio an par peut-être :

Haud sciam an acerrimus longe sit omnium motus invidiæ[3] (peut-

  1. Après qu’importe, il n’importe pas, nous disons que au lieu de si.
  2. Tit. Liv. II, 2
  3. Cic. de Orat. II, 52