Page:Burnouf - Méthode pour étudier la langue latine, 1843.djvu/9

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toute sorte de propositions. Les exemples y sont gradués, et nulle part je n’ai supposé connu ce qui ne l’était pas. C’est ainsi que le lecteur passe, de la proposition isolée et absolue, aux propositions coordonnées, et de celle-ci aux propositions subordonnées de diverses espèces. La Syntaxe particulière reprend un à un, et applique aux différentes constructions de la phrase latine, les principes établis dans la Syntaxe générale. Dans l’une et dans l’autre, toute la doctrine repose sur l’analyse de la proposition et sur les rapports des propositions entre elles. Je n’ai jamais compris les règles qui prescrivent de s’exprimer en latin de telle ou telle manière, suivant que tel mot français sera placé avant ou après tel autre. Ces procédés mécaniques faussent l’esprit au lieu de le guider. L’art d’écrire n’est pas si simple ni si absolu, qu’on puisse l’apprendre par des formules ; il y faut de la réflexion et du raisonnement. Pour montrer au plus jeune enfant sa langue maternelle, il n’y a pas aujourd’hui un maître public ou privé qui n’ait recours à l'analyse logique. C’est cette méthode qu’il s’agit d’appliquer au latin ; c’est la plus sûre et la plus prompte pour conduire à l’intelligence d’abord, puis à l’imitation des textes qu’on étudie.

L’intelligence et l’imitation, c’est-à-dire la version et le thème, tel est le double objet qu’on doit se proposer dès le début de l’enseignement, et je ne l’ai pas perdu de vue un seul instant dans la rédaction de cette Syntaxe. Les expressions latines et les locutions françaises sont continuellement mises en regard, et peuvent, chacune à leur tour, servir de sujet ou de modèle d’exercices. Tous les exemples sont tirés des auteurs : j’en ai recueilli une partie dans mes lectures ; j’en ai emprunté un grand nombre aux grammairiens étrangers. Mais je n’ai jamais accepté une citation, pour ainsi dire, sur parole. Je les ai toutes vérifiées sur les meilleures éditions. Cependant je me contente le plus souvent de nommer l’auteur ; une indication précise du livre et du chapitre eût considérablement grossi le volume et eût embarrassé le texte des règles ; elle n’aurait d’ailleurs eu d’intérêt que pour le philologue, et celui-là pourra, s’il le veut, consulter les grands recueils où j’ai puisé moi-même[1]. Je n’offre aux maîtres et aux élèves qu’un ou-

  1. J’ai pourtant cité avec renvoi détaillé, toutes les fois que cela m’a paru nécessaire pour autoriser une règle moins généralement connue.