Le sommeil, respirant mille petits zéphirs,
Caresse doucement le dormeur en sa couche,
Et la mort, ternissant une vermeille bouche,
Étouffe pour jamais ses gracieux soupirs.
Ne m’abandonne point, ô bienheureux sommeil !
Mais viens toutes les nuits abaisser la paupière
De ma mère et de moi ; fais que la nuit entière
Ne nous paroisse longue au retour du soleil.
Qu’ainsi soit pour jamais le silence sacré,
Fidèle avant-coureur de ta douce présence ;
Qu’ainsi l’ombreuse nuit révère ta puissance,
Qu’ainsi les beaux pavots fleurissent à ton gré.
À SES VERS.
Je ne pensai jamais que vous eussiez la force
De résister aux coups dont nous frappe le tems,
Aussi je vous écris comme par passe-tems,
Fuyant d’oisiveté la vicieuse amorce.
Et pour ce, mes écrits, nul de vous ne s’efforce
De vouloir me laisser, car je vous le défends
Où voulez-vous aller ? Eh ! mes petits enfans,
Vous êtes habillés d’une si foible écorce !