Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/107

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Mon triste deuil : Amour, peut estre en brief
En son endroit n’apparoitra moins grief.
Telle j’ai vu qui avoit en jeunesse
Blamé Amour : après en sa vieillesse
Brûler d’ardeur, et pleindre tendrement
L’âpre rigueur de son tardif tourment.
Alors de fard et eau continuelle
Elle essayoit se faire venir belle,
Voulant chasser le ridé labourage
Que l’aage auoit graué sur son visage.
Sur son chef gris elle auoit empruntée
Quelque perruque, et assez mal antée :
Et plus estoit à son gré bien fardée,
De son amy moins estoit regardée :
Lequel ailleurs fuiant n’en tenoit conte,
Tant lui sembloit laide, et auoit grand’honte
D’estre aymé d’elle. Ainsi, la poure vieille
Receuoit bien pareille pour pareille.
De maints, en vain, un tems fut reclamée,
Ores qu’elle ayme, elle n’est point aymée.
Ainsi, Amour prend son plaisir, à faire
Que le veuil d’un soit à l’autre contraire.
Tel n’ayme point, qu’une dame aymera ;
Tel ayme aussi, qui aymé ne sera :
Et entretient, néanmoins, sa puissance
Et sa rigueur d’une vaine espérance.


ÉLÉGIE II.


Quand vous lirez, ô dames Lionnoises,
Ces miens escrits pleins d’amoureuses noises,
Quand mes regrets, ennuis, despits et larmes
M’orrez chanter en pitoyables carmes,