Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/113

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IV

 
Tant que mes yeus pourront larmes espandre,
A l’heur passé avec toy regretter :
Et qu’aus sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre.
 
Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignart lut, pour tes graces chanter :
Tant que l’esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toy comprendre :

Je ne souhaitte encore point mourir ;
Mais quand mes yeus je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,

Et mon esprit, en ce mortel séjour,
Ne pouvant plus montrer signe d’amante :
Priray la mort noircir mon plus cler jour.


À SON AMANT ABSENT.


Las ! que me sert que si parfaitement
Louas jadis et ma tresse dorée,
Et de mes yeux la beauté comparée
A deux flambeaux, trésors du firmament.
Où estes vous pleurs de peu de durée ?
O mort, par qui deuois estre honorée !
O ferme amour ! ô itéré serment !