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ÉPITRE

A M. MASCARON,

ÉVÊQUE DE TULLE.


Des bords du fameux Lignon,
Le moyen de vous écrire ?
L’air de ce pays inspire
Je ne sais quoy de frippon,
Qui n’est pas propre à vous dire.
Depuis que feu Céladon,
Pour la précieuse Astrée,
L’ame de douleur outrée
Mit ses jours à l’abandon ;
Amour résolut, dit-on,
Que l’air de cette contrée
Rendroit le plus fier dragon
Doux comme un petit mouton.
Depuis que j’y suis entrée,
J’ai déjà changé de ton.
Je ne me meurs pas encore ;
Mais, entre nous, j’ai bien peur
D’une inquiète langueur
Qui me force à voir l’aurore
J’ai partout l’esprit rêveur.
Un tel changement d’humeur
Me fait trembler pour mon cœur
S’il alloit devenir tendre,
S’il formoit la moindre ardeur,
Il seroit bientôt en cendre